Nombreux sont les sondages qui font état de l’apathie des participants aux régimes de capitalisation envers l’investissement. Une solide option de placements par défaut semble alors représenter une stratégie appropriée pour tenter d’assurer la retraite de ceux qui ne veulent pas prendre de décisions.

Dans les débuts des régimes de retraite à cotisation déterminée (CD), ceux-ci offraient principalement le marché monétaire ou un fonds équilibré comme option par défaut. Depuis une dizaine d’années, les fonds à cycle de vie ou fonds à date cible se sont imposés comme la stratégie par défaut préférée dans de nombreux marchés, dont le Canada.

« Au début des régimes CD, on se concentrait sur les cotisations [de l’employeur], non pas sur une plateforme d’options [d’investissement] pour les participants », observe Shawn Cohen, directeur de la gestion des relations avec la clientèle à MFS Gestion de Placements. Au fil du temps, l’idée d’offrir un large éventail de produits a pris de l’élan afin de mitiger les risques de fiduciaire. « Les participants ne pouvaient pas dire qu’il n’y avait pas de choix et la responsabilité relevait de leurs décisions », ajoute-t-il.

On voit maintenant le retour du balancier et la prise de conscience que la majorité des employés ne comprennent pas le domaine des placements. « Les promoteurs ont constaté que l’expérience n’a pas nécessairement atteint ses objectifs et le recours aux [investisseurs] professionnels constitue une marche à suivre intelligente », note M. Cohen.

Une décision active ou passive ?
Les législations récentes dans certaines juridictions, comme en Alberta, ont d’ailleurs envoyé des signaux forts quant à l’utilisation des fonds cycle de vie à titre d’option par défaut. Ainsi, la question aujourd’hui ne serait plus tellement de savoir s’il faut en adopter, sinon de déterminer quel est le produit optimal. Shane Ayres, vice-président, Opérations institutionnelles à Fidelity Investments Canada, affirme qu’un promoteur doit examiner le concept d’option par défaut avec la même assiduité que lorsqu’il se penche sur le menu des placements. « Il importe de considérer l’option par défaut un peu à l’écart, dit-il. Convient-elle au profil démographique des participants, leur âge, leurs revenus, leur niveau d’éducation ? On peut considérer qu’un jeune employé aurait besoin d’une plus grande répartition en actions, par exemple. »

M. Ayres constate d’ailleurs qu’on ignore souvent les raisons derrière l’adoption de l’option par défaut. « On ne sait pas s’il s’agit d’une décision active ou passive du participant qui finit par être appropriée, dit-il. Certains ne font peut-être aucun choix et ils sont bien à l’aise avec cela. Mais après quelques années, une décision passive [d’adopter l’option par défaut] ne constitue peut-être plus la meilleure solution. »

Question de culture
Jimmy Carbonneau, conseiller principal, relations clients pour les comptes nationaux en épargne-retraite collective chez Desjardins Assurances, ajoute que la conception de l’option par défaut relève souvent de la culture de l’entreprise et de l’historique du régime.

Certains promoteurs adoptent une approche de « laisser-aller », soit de se limiter à mettre de l’argent dans le régime. « D’autres, plus paternalistes, prennent la position qu’ils ne veulent pas uniquement verser des cotisations; ils désirent tirer profit du régime », affirme-t-il. On peut donc imaginer que ceux-ci vont mettre en place un fonds par défaut qui correspond aux choix appropriés pour les participants. « On assume que la voie par défaut n’est pas qu’une option temporaire. Il ne s’agit alors pas d’offrir un choix prudent, sinon de faire en quelque sorte une recommandation au participant quant aux choix de placements appropriés. »

En poussant cette réflexion jusqu’à sa conclusion, une question se pose : si c’est une recommandation, pourquoi ne pas l’imposer tout simplement ? M. Carbonneau observe qu’une certaine tendance se dessine. « Certains promoteurs se demandent carrément s’il faut offrir un choix de placements, suggère-t-il. On peut offrir quelques variations, notamment pour aider sur le plan de la transition vers la retraite et du décaissement. Mais dans l’ensemble, l’idée serait d’éviter de perdre du temps à faire un suivi d’un fonds par défaut; ça simplifierait la situation pour tout le monde. »

Shawn Cohen ajoute que la réduction des choix et le raffinement des outils « font du sens », mais doute d’un scénario où la seule option soit celle par défaut. « L’idée d’offrir certains choix risque de demeurer et, du point de vue du fiduciaire, des promoteurs seront plus à l’aise. Un fonds à date cible conviendrait peut-être à la majorité des employés, mais pas à tous », précise-t-il.

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