Même si l’économie se porte relativement bien au Canada, son marché boursier n’offre pas les perspectives de rendements les plus intéressantes, surtout si on le compare à celui des États-Unis.

« Nous sommes plus prudents avec les actions canadiennes », a expliqué d’emblée Michael Greenberg, gestionnaire de portefeuille à Solutions multiactifs Franklin Templeton, lors d’un événement de la firme tenu à Montréal la semaine dernière.

Différents facteurs macroéconomiques poussent le gestionnaire à sous-pondérer les actions canadiennes, notamment un ralentissement des investissements des entreprises et des niveaux d’inventaires élevés qui pourraient mener à une contraction de la production.

La consommation est en revanche assez vigoureuse au pays, mais peut-être au prix d’un niveau d’endettement élevé des ménages. Alors que les ménages américains ont réduit leur taux d’endettement depuis la crise financière, celui des ménages canadiens n’a jamais cessé d’augmenter.

« Si un choc devait survenir au pays, les consommateurs n’auraient peut-être pas la marge de manœuvre suffisante pour soutenir l’économie », indique Michael Greenberg.

Le poids du secteur pétrolier

La forte concentration de la bourse canadienne dans les secteurs de l’énergie et des matériaux représente également un lourd handicap dans le contexte actuel. Les sociétés pétrolières sont exposées à un fort vent de face, et rien n’indique que le problème va se régler à court terme. Et au Canada, lorsque l’industrie pétrolière et gazière est en difficulté, autant l’économie que les marchés boursiers en souffrent.

Même si le ratio cours-bénéfice des actions canadiennes se situe légèrement en dessous de la moyenne des 25 dernières années, Michael Greenberg demeure prudent. « Il ne s’agit pas forcément d’un indicateur pertinent pour surpondérer les actions canadiennes à court terme », estime-t-il. À long terme toutefois, les titres canadiens pourraient redevenir attrayant, particulièrement dans le secteur énergétique, ajoute-t-il.

En ce qui concerne le revenu fixe, le gestionnaire admet ne pas être particulièrement « excité » par les rendements des obligations du gouvernement du Canada, mais souligne qu’elles permettent néanmoins d’offrir un peu de protection aux portefeuilles. « Ce n’est pas une mauvaise idée d’allonger légèrement la durée de son portefeuille obligataire », indique-t-il, en ajoutant que bien que les taux d’intérêt soient bas au Canada, ils sont tout de même plus élevés que dans la plupart des pays industrialisés.

Michael Greenberg indique toutefois avoir réduit son exposition aux obligations de société, jugeant que la prime de risque de ces titres n’est pas suffisamment élevée à l’heure actuelle.

Où aller chercher du rendement?

Si les occasions tactiques se font rares dans le contexte actuel de marché, Michael Greenberg voit des opportunités du côté des actions américaines. « Les consommateurs américains sont en meilleure santé et moins endettés que les consommateurs canadiens, souligne-t-il. Il est vrai que la croissance des bénéfices des entreprises a légèrement reculé en 2019 par rapport à 2018, mais nous nous attendons à un rebond en 2020. »

À l’échelle internationale, les perspectives ne sont pas nécessairement reluisantes, notamment en raison des conflits commerciaux et des tensions politiques, particulièrement en Europe. Cependant, le ratio-cours bénéfices des titres internationaux est plutôt intéressant, et les orientations très souples des banques centrales rassurent les investisseurs. Franklin Templeton a donc une perspective « neutre » pour les actions internationales.

Mais peu importe dans quelle région du monde ils placent leurs billes, les investisseurs devront s’habituer à des rendements inférieurs à ceux enregistrés au cours des dernières années, prévient Bill Yun, vice-président exécutif à Solutions multiactifs Franklin Templeton.

Les actions canadiennes ont par exemple généré un rendement annuel de 7,2 % au cours des 20 dernières années, alors qu’elles n’offriront que 6,0 % aux investisseurs dans les sept à dix prochaines années, selon les prévisions de la firme.

La même tendance de rendement à la baisse s’observe pour les actions des marchés émergents (9,0 % contre 7,1 %), les obligations du gouvernement du Canada (4,8 % contre 1,8 %), les obligations de sociétés canadiennes de qualité investissement (5,4 % contre 2,9 %) et les fonds de couverture (6,4 % contre 5,7 %).

L’écart est cependant plus mince pour ce qui est des actions américaines (6,2 % contre 6,1 %), alors que les actions internationales sont la seule catégorie d’actif qui générera de meilleurs rendements au cours des prochaines années (5,9 % contre 4,1 %) selon Franklin Templeton.

Vu ces attentes de rendement, Bill Yun soutient que l’économie va continuer de soutenir les actifs risqués, et qu’en conséquence, les actions demeureront plus intéressantes que les obligations. « Un portefeuille traditionnel constitué de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations pourrait générer un rendement d’un peu plus de 4 %, ce qui ne sera probablement pas suffisant pour la majorité des investisseurs », affirme-t-il.