Les retraités de Sears doivent composer depuis la semaine dernière avec des prestations fortement amputées, et bon nombre d’entre eux estiment qu’ils n’auront pas le choix de retourner sur le marché du travail.

Alors que les employés retraités du détaillant s’attendaient à une baisse de 20 % du montant de leurs chèques, c’est plutôt une perte de 30 % qu’ils ont dû encaisser, pour la première fois, la semaine passée. Un délai avant l’ajustement à la baisse des prestations expliquent ces coupes plus importantes que prévues. Au bout de 20 mois, la réduction des prestations sera ramenée à 20 %.

CBC a rencontré plusieurs des retraités de Sears touchés. Pour Attilio Malatesta, qui a travaillé pour l’entreprise pendant 44 ans, cela représente 800 $ de moins mensuellement. L’homme de 73 ans de Calgary envisage de retourner travailler dans le domaine de la vente pour compenser la perte de revenu, mais craint que ses problèmes d’arthrite ne minent ses chances de réintégrer le marché du travail.

Ron Holsk, lui, a déjà dû se résigner à retourner travailler, alors que sa rente a été amputée de presque 450 $ par mois. Après avoir œuvré pendant 35 ans chez Sears, l’ancien vendeur d’électroménagers s’est trouvé un nouvel emploi de préposé à l’accueil dans un Home Depot. Il préférerait toutefois rester tranquillement chez lui, avoue-t-il.

Sears Canada a fermé ses portes en janvier dernier, laissant un déficit de 260 millions de dollars dans son régime de retraite à prestations déterminées, qui compte 18 000 retraités.

Bataille devant les tribunaux

Les retraités de Sears Canada se tourneront vers les tribunaux, cet automne, pour tenter de récupérer le plein montant de leurs prestations. Leurs avocats vont plaider, à la Cour supérieure de justice de l’Ontario, que les bénéficiaires du régimes de retraite devraient être considérés comme les créanciers prioritaires.

Les retraités réclament près de 730 M$ à l’entreprise, notamment 260 M$ pour renflouer le régime de retraite et 421 M$ pour les paiements d’avantages sociaux à la retraite, que les anciens employés ont perdu en juin 2017, alors que Sears Canada s’est placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers.

Mais même si les retraités gagnaient en cour, ils ne récupéreraient qu’une petite partie des sommes réclamées, puisqu’il ne reste que 126 M$ dans les coffres de l’entreprise.

Des dirigeants toujours rémunérés

Malgré la fermeture des magasins en début d’année, quatre membres du conseil d’administration ont continué de percevoir un salaire, pour un montant total de 600 000 $, rapporte Radio-Canada.

Les avocats qui représentent les anciens employés estiment que le conseil devrait être dissout pour mettre fin à ces dépenses, et que les montants utilisés pour payer les salaires des dirigeants devraient être versés aux employés qui n’ont toujours par obtenu leur indemnité de départ.

Sears Canada soutient en revanche que le conseil d’administration est encore nécessaire, notamment pour gérer les frais liés au processus d’insolvabilité et s’assurer que la vente des biens immobiliers restants du détaillant génère le profit le plus élevé possible. Le conseil soutient en outre que les dépenses engagées sont minimales, et que les quatre administrateurs restants ont déjà réduit leurs salaires deux fois.