CELI collectif peu implanté, communication déficiente, conception sans créativité : les régimes pèchent encore par plusieurs défauts qui freinent l’adhésion des participants.

Fournisseurs, consultants et gestionnaires ont franchi de grands pas au cours des dernières années, qui ont permis d’améliorer l’efficacité des régimes de capitalisation. Plusieurs éléments continuent toutefois à m’inquiéter.

La conception d’un régime de capitalisation est au cœur de sa réussite. Pourtant, nous entendons encore trop souvent des promoteurs se plaindre des faibles de taux de participation ou de cotisation des employés. Comment se fait-il que nombre de ces régimes ne rendent pas la participation obligatoire et n’attirent que de très faibles taux de cotisation? De même, il est navrant de constater à quel point la conception manque de créativité, ce qui empêche de mieux répondre aux besoins des participants. L’intégration réelle du CELI collectif, par exemple, fait grandement défaut, lorsqu’on sait que ce dernier serait bien plus favorable aux travailleurs à revenu limité ou à ceux en début de carrière. Il serait pourtant facile de créer un programme d’épargne plus dynamique, flexible et intéressant pour ces employés.

La communication peut également être améliorée, particulièrement au moment de l’adhésion, moment privilégié où l’on a vraiment l’attention des participants. Les rencontres initiales devraient couvrir exclusivement les aspects critiques au succès du régime : importance de l’épargne, valeur de la contrepartie de l’employeur, démonstration étendue de l’outil de planification de la retraite (et non de simples saisies d’écran), comparaison concrète des frais du régime avec les frais de placements au détail, etc. Combien de fois ai-je vu le présentateur perdre un temps précieux à vanter la taille de l’assureur et sa présence mondiale alors que le participant n’en a que faire?

Les outils de projection ont évolué dans la bonne direction, mais ils peuvent encore être bonifiés et doivent absolument être plus utilisés (le taux d’utilisation de la majorité des régimes demeure trop bas). Certains aspects sont à améliorer :

  • représentation réaliste de la formule de cotisation du régime (des lacunes importantes surviennent à mon avis lorsque la contrepartie augmente en fonction du service);
  • hypothèses de taux de rendement vraiment représentatives des placements (comment se fait-il qu’ils ne sont pas encore alignés sur les fonds à date cible, alors que ces derniers sont devenus la norme ?);
  • rendements nets des frais réels du régime (et non frais moyens appliqués à tous les participants du fournisseur);
  • projections stochastiques, montrant une fourchette de revenus de retraite éventuels (plutôt qu’un seul estimé, qui donne une fausse impression d’exactitude à l’utilisateur).

Bref, il reste bien du travail à faire.

La sélection et le suivi des gestionnaires de placement font l’objet d’efforts nombreux. Mais il faudrait d’abord se concentrer sur la structure d’options de placement offertes, la répartition d’actifs des participants ainsi que la construction des fonds ou des portefeuilles offerts (catégories d’actif, évolution de la répartition, etc.).

Finalement, la transition efficace vers la retraite demeure un grand défi. Les promoteurs de régimes sont frileux à l’idée d’offrir aux retraités de rester dans le régime pour bénéficier de frais réduits. Ces frais, surtout au détail, sont très élevés durant la retraite, tant à la conversion (par exemple à l’achat d’une rente) qu’à long terme (FERR, FRV). Et les fonds à date cible traitent tous les participants comme s’ils allaient acheter une rente viagère à la retraite, une hypothèse fondamentalement fausse.

La situation est malgré tout plus reluisante qu’il y a 10 ans : continuons le travail si nous voulons éviter des manifestations ornées de « carrés gris » dans quelques années!

Jean-Daniel Côté est vice-président, retraite, chez ACT conseillers.Vous pouvez le contacter au jdcote@actconseillers.com