Un cliché tenace veut que les femmes soient plus prudentes que les hommes et évitent les investissements qui présentent des risques, perdant donc l’occasion de faire des gains à long terme. De récentes études tendent à confirmer la première partie de ce cliché… mais à contredire la seconde.

Au début du mois de février 2017, l’institut de sondage Ifop questionnait 600 Françaises pour l’Union financière de France (UFF) quant à leurs habitudes de gestion du patrimoine, afin de comparer leurs réponses à celles données par des hommes. Les résultats dévoilés le 6 mars démolissent certaines idées reçues, tout en en confirmant d’autres.

À lire : Combien la retraite me coûtera-t-elle?

Des femmes autonomes

Premier cliché à voler en éclat : les femmes à la remorque de leur conjoint dans les décisions financières sont apparemment peu nombreuses dans l’Hexagone. Plus de quatre sur dix déclarent prendre ces décisions à deux et une proportion similaire soutient le faire elle-même. Seulement 8 % laissent la maîtrise des finances à leur conjoint, alors que 7 % sont célibataires, ce qui règle la question!

Autre résultat étonnant, les hommes (31 %) sont plus nombreux que les femmes (24 %) à mentionner « assurer l’avenir des enfants » comme l’un des objectifs importants de leurs investissements. Toutefois, les femmes se protègent davantage que les hommes contre les risques de perte d’autonomie pouvant les toucher elles ou leurs proches.

À lire : Bon ou mauvais, l’amour au travail?

Des femmes prudentes

Reste LE grand cliché : les femmes sont-elles vraiment plus prudentes que les hommes lorsque vient le temps de choisir des produits financiers? Apparemment oui, si l’on se fie au sondage Ifop. Leur aversion au risque ressort même nettement de l’enquête. Elles sont 72 % à opter pour un profil d’investisseur prudent, alors que seulement la moitié des hommes le fait. De fait, 27 % d’entre elles « n’acceptent aucun risque en capital et se satisfont, en contrepartie, d’un rendement faible » et 45 % « n’acceptent que de faibles risques en capital et se satisfont, en contrepartie, d’un rendement modéré ». Il n’y a donc que 24 % des femmes, contre 49 % des hommes, qui adoptent le profil d’investisseur ouvert au risque.

Cela pourrait s’expliquer en partie par le fait que les femmes continuent d’avoir un salaire inférieur à celui des hommes, comme le démontrait encore récemment le Globe and Mail, réduisant leur marge de manœuvre. Cette prudence provient aussi du fait que les femmes anticipent une complexité et une imprévisibilité plus fortes de leur situation patrimoniale. « La majorité des familles monoparentales sont toujours aujourd’hui assumées par des femmes », rappelle Paul Younès, directeur général de l’UFF.

À lire : Faut-il revoir les congés parentaux?

Des femmes astucieuses

La prudence des femmes signifie-t-elle nécessairement qu’elles font moins bien sur les marchés financiers? Pas si l’on en croit une récente recherche de Peter Swan, professeur à l’Université de New South Wales, en Australie, et de l’étudiant au doctorat Wei Lu, dont les résultats sont rapportés dans The Sydney Morning Herald. Les deux chercheurs ont parcouru les données de 17 ans d’investissement en Finlande. Dans ce pays, les investisseurs doivent mentionner leur genre lorsqu’ils achètent et vendent des actions locales.

En examinant les transactions sur 28 des plus grands titres finlandais, les chercheurs ont constaté que lorsque les femmes échangeaient des actions avec des hommes, elles amélioraient leur position d’un impressionnant 21 % par année, alors que les hommes, forcément, perdaient 21 % annuellement.

En concentrant leur attention sur les actions de Nokia, les chercheurs ont même noté que les femmes amélioraient leur position de 43 % par année lorsqu’elles vendaient à des hommes. La raison en est fort simple : elles vendent lorsque le prix des actions montent et rachètent lorsque le prix descend. Selon Peter Swan, les femmes s’avéreraient meilleures pour comprendre les dynamiques du marché, étant moins crédules et plus intuitives.

Comme quoi ce n’est pas tout de prendre des risques, mais encore faut-il savoir faire preuve de discernement!

À lire : Les femmes travaillent trop