Le décloisonnement entre la vie personnelle et professionnelle pèse parfois lourd sur la santé mentale et le mieux-être des employés, mais leur interdire totalement de consulter leurs courriels en dehors des heures de travail ne règle pas forcément le problème. Au contraire, il peut même l’aggraver.

Une récente étude de la University of Sussex publiée dans la revue Computers in Human Behavior révèle en effet que le niveau de bien-être des travailleurs sujets à l’anxiété peut être affecté négativement lorsqu’ils n’ont pas le droit de consulter leurs courriels le soir et la fin de semaine.

« Les gens doivent pouvoir gérer leurs courriels de la manière qui convient à leur personnalité et leurs objectifs. Ils se sentent alors en mesure de gérer adéquatement leur charge de travail », indique Emma Russell, psychologue et auteure principale de l’étude.

Ces travaux sont publiés alors que des grandes entreprises comme Volkswagen mènent des expériences consistant à couper l’accès aux courriels pendant les heures non ouvrables, souligne MarketWatch. La France a adopté en 2017 le principe de droit à la déconnexion pour mieux protéger les travailleurs, et la ville de New York songe à élaborer une réglementation semblable. Ottawa a aussi jonglé avec l’idée, alors que les employeurs canadiens s’y disent plutôt favorables.

L’impression de perdre le contrôle

Selon l’étude de la University of Sussex, les employés ont quatre objectifs en tête lorsqu’ils répondent à des courriels professionnels : demander les nouvelles d’un collègue, faire leur travail efficacement, préserver leur propre bien-être ou encore conserver le contrôle sur leur travail.

Lorsque le but d’un employé est de travailler efficacement, interdire l’accès au courriel pendant certaines heures, même si cela part d’une bonne intention, peut être mal accueilli, car il aura l’impression de perdre le contrôle sur son travail.

Cette étude ne remet toutefois pas en cause les conclusions d’autres travaux menés sur le sujet. Les employés qui utilisent de façon excessive leurs appareils mobiles à des fins professionnelles en dehors des heures de travail sont plus à risque de souffrir de dépression et de quitter leur emploi. Cette mauvaise habitude peut même avoir des effets négatifs sur le rendement et la satisfaction au travail du conjoint.

Une étude menée par Virginia Tech a également conclu que le simple fait qu’un employeur s’attende à ce que ses employés consultent leurs courriels en dehors des heures de travail peut avoir pour effet d’augmenter leur niveau d’anxiété et celui de leur famille.