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Pour souligner le début de la Semaine nationale de la santé mentale, le Mouvement Santé mentale Québec a lancé dimanche sa campagne annuelle de sensibilisation sous le thème « 7 astuces pour être bien dans sa tête ».

S’accepter, découvrir, choisir, créer des liens, agir, ressentir et se ressourcer, telles sont les clés identifiées par l’organisme « pour être bien dans sa tête ». Un des objectifs principaux de cette initiative est de faire réaliser au public que la santé mentale, ce n’est pas qu’une question de maladie.

« 100 % des gens ont une santé mentale. Pourtant, quand on parle de santé mentale, on parle automatiquement de maladie. On devrait aborder la santé mentale de la même façon que la santé physique », a affirmé Monique Boniewski, directrice de la filiale Québec de l’Association canadienne pour la santé mentale.

Un volet de la campagne aborde plus spécifiquement la santé mentale en milieu de travail. Le sociologue et codirecteur de l’étude SALVEO sur la santé psychologique en milieu de travail, Alain Marchand, a invité les employeurs à s’impliquer dans la santé mentale de leurs employés. « Les employés ne peuvent pas tout contrôler par eux-mêmes. Une saine gestion de la santé mentale dépasse le cadre individuel. Les employeurs peuvent faire partie de la solution », a-t-il souligné.

Comment? En accordant plus d’autonomie à leurs employés, a simplement répondu M. Marchand. « On doit leur faire confiance. Pourquoi devraient-ils toujours demander la permission? Ils doivent sentir qu’ils peuvent s’exprimer et qu’ils sont entendus au sein de l’organisation », a-t-il insisté.

Malgré la pléiade de programmes de gestion de la santé mentale développés par les grandes firmes de consultation, le professeur à l’Université de Montréal a soutenu « qu’il y a encore un grand manque de programmes de sensibilisation basés sur des résultats de recherche probants ».

Alain Marchand estime par ailleurs qu’environ le tiers des troubles de santé mentale trouvent leur source dans le travail, selon ses résultats de recherche. Le Mouvement Santé mentale Québec souhaite donc « stimuler une pandémie de mieux-être au travail », soulignant que chaque semaine, 500 000 Canadiens sont incapables de travailler en raison d’un problème de santé mentale, et que ceux-ci représentent à eux seuls 70 % des coûts liés à l’invalidité.

LES FEMMES PLUS TOUCHÉES?

Morneau Shepell a également profité de la Semaine nationale de la santé mentale pour livrer les résultats d’une étude démontrant que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à obtenir des soins pour surmonter la dépression.

Ainsi, 63,9 % des employés ayant recours au programme Soins de la dépression, offert par la firme de services-conseils, sont des femmes. Parmi celles-ci, plus du quart (28,6 %) ont plus de 50 ans.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 400 millions de personnes sont aux prises avec la dépression. Bien que la maladie touche les deux sexes, elle est plus répandue et persistante chez les femmes. En ce qui concerne la maladie mentale chez les femmes, les troubles dépressifs comptent pour 41,9 % de l’ensemble des diagnostics posés, mais souvent ils ne sont pas détectés.

« Malgré la prévalence élevée des problèmes de santé mentale, nous observons de nombreux obstacles, comme la stigmatisation, une protection médicale insuffisante et un accès limité aux soins fournis par des professionnels, qui font en sorte que les Canadiens souffrent souvent en silence », indique Barbara Veder, vice-présidente, Services cliniques et responsable de la recherche chez Morneau Shepell.

La dépression est la première cause d’invalidité dans le monde, touchant une personne sur dix. Selon Stonebridge, la maladie mentale coûte entre 20 et 51 milliards de dollars à l’économie canadienne, par année.

La recherche de Morneau Shepell montre toutefois un rendement du capital investi de 4,80 $ pour chaque dollar consacré par les employeurs à son programme Soins de la dépression. Ainsi, l’amélioration moyenne des absences au travail s’établit à environ 32,0 % et l’amélioration moyenne de la productivité au travail se chiffre à environ 51,9 %.