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Comprendre et informer sont les clés de l’avenir

Promouvoir le changement

La plus récente enquête de santé, effectuée par Statistique Canada en 2011, montre que l’état de santé des Canadiens s’est détérioré depuis 2007. « À part le tabagisme qui est en régression, tous les autres problèmes de santé ont pris de l’ampleur, souligne Christiane Legault, conseillère principale en stratégies et solutions santé à Aon Hewitt. Le plus préoccupant est l’obésité, qui touche un Canadien sur deux. »

Actuellement, 15 maladies chroniques sont attribuables à huit risques et comportements, comme le manque de sommeil, l’inactivité physique ou la mauvaise alimentation. Ces 15 maladies représentent 80 % des coûts totaux attribuables à toutes les maladies chroniques dans le monde, souligne la conférencière. « On peut donc les éviter en changeant notre mode de vie », dit-elle. La mise en place d’un programme de santé et de mieux-être en entreprise aura non seulement un effet sur plusieurs maladies, mais permettra également de réduire le coût des régimes pour l’entreprise. « Un rapport canadien montre qu’en moyenne, le coût annuel des avantages sociaux est de 3 587 $ par employé par année et les employés qui ont plusieurs facteurs de risque peuvent coûter jusqu’à 9 326 $ par année », mentionne Christiane Legault. Elle insiste toutefois sur la nécessité de mettre en place un programme de santé mieux-être innovateur, basé sur la gestion des facteurs de risque. « Cela implique de faire un diagnostic, de planifier et d’évaluer, explique-t-elle. Malheureusement, le diagnostic et l’évaluation sont deux étapes très importantes qui sont souvent laissées de côté. »

Le diagnostic peut notamment se faire par un questionnaire sur les habitudes de vie des employés. « Cela permet de connaître les problèmes de santé sur lesquels il faut agir, explique Mme Legault. Il est inutile de mettre en place un programme de cessation du tabac si seulement 1 % des employés fument ! » Enfin, il est important d’allouer un budget aux incitatifs qui permettra, par exemple, de payer les employés pendant qu’ils participent au programme.

Gérer la présence

Le Québec compte actuellement 9,8 jours perdus par travailleur pour cause de maladie ou d’incapacité. Selon le Conference Board du Canada, jusqu’au tiers des absences occasionnelles le sont pour des motifs personnels ou familiaux non médicaux. « Or, la majorité des clients que nous rencontrons n’ont pas de politique de gestion des absences, constate Nicole Gonzalez, chef d’équipe principal, Santé et gestion des absences à la Standard Life. Les gens ne mesurent pas l’absentéisme et, quand ils le mesurent, ils ne font souvent rien avec ces données. »

Il importe donc de remettre le gestionnaire au centre de la gestion des absences pour qu’il puisse se doter d’un système de suivi des absences et vérifier que le Programme d’aide aux employés (PAE) qu’il a acheté correspond à leur comportement en matière de présence au travail, d’absentéisme ou de santé. « Certaines mesures en place pourraient ne pas être adaptées à la population d’employés, note Mme Gonzalez. Si l’employeur compte beaucoup d’employés monoparentaux, il aura peut-être avantage à offrir plus de services en conciliation travail-famille plutôt qu’en physiothérapie. »

Un « leadership éveillé »

On le sait, la mise en place de solutions au sein d’une entreprise nécessite la présence d’un leader. L’objectif du « leadership éveillé », tel que défini par Marie-Josée Michaud, présidente et fondatrice de MJ Stratégies, est que le gestionnaire soit en mesure de prendre des décisions éclairées. « Cela implique de développer les habiletés suivantes : voir, écouter, comprendre et agir, d’abord pour soi et ensuite pour l’autre, explique-t-elle. Il faut appliquer ces habilités en créant un espace de parole sans jugement qui contribue à donner confiance. »

Comprendre pour mieux gérer

Afin d’adopter des stratégies de « consommation judicieuse » des soins de santé et de responsabiliser les employés quant aux coûts qu’ils engendrent pour leur régime, il importe de bien comprendre les enjeux actuels et à venir. « Un de ces enjeux consiste à trouver les outils et les stratégies d’éducation et de communication pour faire comprendre aux utilisateurs des régimes d’assurance comment fonctionne le commerce du médicament, souligne Pierre Marion, directeur principal, ventes et relations avec la clientèle à la Croix Bleue Medavie. Cela devient de plus en plus complexe et l’expérience nous prouve que nous n’avons pas été bons à communiquer dans le passé. C’est un défi de taille, mais qu’il est possible de surmonter. »

Au Québec, le régime public a mis en place des mesures de gestion et de contrôle assez élaborées, avec notamment la réforme du prix du générique et les médicaments d’exception. « Dans les régimes privés, nous commençons seulement à installer la substitution générique, constate M. Marion. Et ceux qui font de la pression pour avoir un meilleur contrôle des coûts ne sont même pas ceux qui payent la facture, mais les fournisseurs ! C’est ce que j’appelle la pression inversée. » Le maintien des régimes de médicaments privés à des coûts acceptables passe donc par l’éducation, la transparence et la compréhension. « Seulement 10 % des régimes communiquent régulièrement avec les employés, indique M. Marion. On les informe sur ce qui est offert à la cafétéria, on pourrait peut-être commencer à les informer sur ce qui se passe dans les régimes d’assurance médicaments ? »

Au cours des quatre ou cinq dernières années, environ 200 brevets de médicaments d’origine sont arrivés à échéance. « Cela a fait apparaître un nombre important de médicaments génériques sur le marché, qui coûtent moins cher et que seulement environ 50 % des gens utilisent ! », souligne M. Marion.

Michel de Paiva, directeur de comptes chez IMS Brogan, insiste aussi sur l’importance d’essayer de gérer et d’éduquer les participants et les promoteurs de régimes. « En 2012, 27 % des demandeurs de régimes d’assurance privés ont acheté au moins cinq médicaments différents, souligne-t-il. Or, une étude réalisée en Colombie-Britannique a permis de constater qu’environ 12 % des visites à l’hôpital étaient attribuables à une manifestation liée à un médicament, soit une réaction indésirable (39,3 %), la non-observance (27,9 %), une mauvaise dose (12,3 %) ou l’utilisation du mauvais médicament ou d’un médicament sous-optimal (11,5 %). »

L’observance est également un problème majeur. « Une étude américaine a révélé que, dans le cas d’un régime de 10 000 employés, 22 % des médicaments prescrits, achetés et remboursés par le régime sont jetés ! », s’indigne M. Marion. Une autre étude a permis de constater que, sur une période de suivi de 12 mois, 50 % des patients diabétiques et 34 % des hypertendus interrompent leur traitement médicamenteux. « Cela a forcément un impact sur le régime privé ! », lance M. de Paiva.

L’avenir des régimes privés passe indéniablement par une meilleure gestion. « Modifier nos régimes d’assurance privés et leur façon de les gérer exige que l’on fasse de l’éducation, croit M. Marion. La seule façon de le faire est de nous assurer que ces régimes sont bien compris. »

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