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Assurément, investissements durables et marchés émergents ne font pas bon ménage.

Il serait bien malvenu de priver les nouveaux marchés des mêmes perspectives de croissance que celles qui ont alimenté les économies des pays développés, mais la fulgurance de cette croissance n’est pas sans conséquence.Dans les pires cas, les principes de gouvernance d’entreprise sont transgressés, les ressources naturelles sont épuisées et un nombre alarmant d’ouvriers s’éreintent dans de mauvaises conditions pour un salaire de misère.

Dans quelle mesure ce type de croissance peut-il être durable? Cette question pose un véritable dilemme à tous les investisseurs, mais particulièrement à ceux qui ont à cœur le développement durable et les placements éthiques. «Si vous envisagez investir sur les marchés émergents, il faut d’abord savoir que tous les placements participent plus ou moins directement aux marchés émergents, affirme Danyelle Guyatt, qui dirige l’équipe de recherche sur les investissements responsables pour la société de gestion de placements Mercer. D’ailleurs, l’indice mondial MSCI, souvent utilisé comme point de référence par les fonds communs de placement d’actions internationales, accorde actuellement une pondération d’environ 12% aux marchés émergents.»

«Si vous élucidez la question de la durabilité, vous gérez par le fait même le risque inhérent à votre portefeuille, note-t-elle. Par conséquent, ne serait-ce que sur le plan de la gestion du risque, vous avez intérêt à évaluer les placements selon les critères des répercussions environnementale et sociale et de la gouvernance d’entreprise (ESG).»

Ce concept fait des adeptes en ce qui concerne les marchés émergents, remarque Bob Mann, directeur général pour l’Amérique du Nord de Jantzi-Sustainalytics, firme de recherche torontoise spécialisée dans les investissements socialement responsables. «Nous avons le plaisir de constater que les entreprises s’efforcent de plus en plus d’accroitre la transparence de leurs publications financières, dans les marchés émergents comme ailleurs, ajoute M. Mann. La notion de placement éthique se répand dans plusieurs de ces pays dont le Brésil et la Corée du Sud.»

Combler les lacunes

Néanmoins, ce marché qui en est encore à ses balbutiements comporte bien d’autres difficultés. D’entrée de jeu, l’entrave la plus importante est l’insuffisance de données. «Il est extrêmement difficile d’obtenir une information satisfaisante sur les sociétés de ces régions, confirme M. Mann. Lorsqu’une firme comme la nôtre est consultée pour mettre au point un produit axé sur les marchés émergents, elle est confrontée à la rareté de renseignements fiables; sauf dans le cas des grandes multinationales, les publications financières laissent généralement à désirer.»

«Notre priorité stratégique est de trouver la façon de dénicher ces données, ajoute Mme Guyatt, dont les bureaux sont sis à Londres. Les firmes de recherche ESG ont la réputation de ne pas couvrir à fond les sociétés de marchés émergents, ce qui est le cas en réalité.»

«Il faut dire que les paramètres de recherche utilisés par des firmes comme Jantzi-Sustainalytics sont tout simplement inappropriés dans le cas des sociétés des marchés émergents, précise M. Mann. Les normes sociétales de ces pays sont radicalement différentes; lorsqu’ils analysent ces marchés, beaucoup de gens ont tendance, selon moi, à exagérer leur capacité à cerner les éléments qui témoignent d’une entreprise digne de confiance, ou à reconnaître les sources d’information dignes de foi. Si on s’attaque à ce genre de recherche, on ne peut pas se contenter de calquer les modèles existants pour les marchés développés.»

Mme Guyatt abonde en ce sens: «la structure du capital social de ces entreprises nous est fondamentalement étrangère, et cette analyse exige de nous une démarche et un raisonnement inédits.»

Progrès tangibles

L’an dernier, Mercer et la Société financière internationale, institution chargée des opérations avec le secteur privé qui fait partie du Groupe de la Banque mondiale, ont effectué une vaste étude sur les placements durables sur les marchés émergents. En fonction des données recueillies auprès de 10 gestionnaires de placements mondiaux, l’étude constatait que l’actif des fonds de marchés émergents qualifiés de placements durables représentait quelque 50milliards$US en 2008; si ce montant correspond au quintuple de celui répertorié en 2003, il ne constitue que 1,55% du total des placements sur les marchés émergents.

Encore plus intéressant, l’étude s’est penchée sur les placements durables effectués sur les marchés émergents eux-mêmes (Inde, Chine, Brésil et Corée du Sud) et révèle qu’ils avaient atteint les 300milliards$US en 2008.

Le rapport de l’étude note également que si on reconnaît souvent aux gestionnaires d’actif des marchés développés d’avoir une longueur d’avance en appliquant le critère ESG à leurs décisions de placement, les résultats de la recherche démontrent que leurs collègues des marchés émergents commencent à prendre les aspects ESG au sérieux.

Ce mouvement s’intensifiera sans doute, mais on ne saurait s’attendre à ce que la situation du marché des placements éthiques et ESG soit identique à celle des pays développés. «Ce marché doit son origine en grande part aux normes culturelles, et elles divergent sérieusement selon la région, souligne M. Mann. Les fonds issus de ces pays se distingueront probablement des autres, mais ceux en provenance d’Amérique du Nord et d’Europe seront indubitablement dans la même veine que ce que nous connaissons.»

Choix des produits

Du point de vue pratique, le moyen le plus simple de faire des placements éthiques sur les marchés émergents consiste à choisir parmi les multinationales à grande capitalisation, selon M. Mann. «Nous sommes en terrain de connaissance avec ces sociétés et elles mettent à notre disposition une information plus consistante car elles sont souvent inscrites aux Bourses des marchés développés. Les normes qu’elles appliquent sont beaucoup plus proches des nôtres.»

En revanche, on ne peut en dire autant des sociétés à petite et moyenne capitalisation. «Leur cas est problématique; à l’heure actuelle nous serions bien embarrassés de proposer un produit susceptible de répondre à la plupart des exigences des placements éthiques », précise M. Mann.

Cependant, la demande croissante en placements axés sur les marchés émergents a entraîné la création de nombreux fonds d’investissement responsable spécialisés, destinés aux investisseurs institutionnels. «La demande de nos clients institutionnels pour des placements dans les marchés émergents est assez importante, constate Christophe Vandewiele, qui dirige le Bureau de représentation au Canada de Dexia Asset Management.Dexia offre un fonds de placement durable dans les marchés émergents depuis 2008. Pour nous, cela va de soi, c’est la logique même. Comment peut-on investir dans une société publique dont les dirigeants ne tiennent pas compte des changements climatiques ou des règles de gouvernance d’entreprise, entre autres?»

Malgré la pondération croissante accordée aux marchés émergents, le fonds relativement nouveau de Dexia, dont les rendements sont appréciables, n’a pas particulièrement la cote au Canada. Selon M. Vandewiele, ce n’est qu’une question de temps. «D’ici cinq ou dix ans, les placements durables seront peut-être devenus la norme. Les gens commencent à s’interroger, c’est un début; c’est un pas dans la bonne voie.»

Auteur et rédacteur d’Ottawa, Doug Watt est spécialiste des placements responsables; il est cofondateur du SRI Monitor.

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