L’une des clientèles qui bénéficierait le plus des plateformes numériques est celle aux prises avec des troubles de santé mentale, analyse le Dr Michael Szabo, directeur médical à Novus Santé.

« Quand on songe à l’impact sur la journée d’une personne [fragile] qui doit se rendre en clinique pour obtenir une consultation, le fait de pouvoir interagir en ligne à partir du bureau ou de fixer un rendez-vous par téléconférence en soirée alors qu’on est à la maison présente un avantage certain », poursuit-il.

Allan Ptack abonde dans le même sens. « Le Counseling par internet permet d’offrir un service de qualité à moindre coût. D’élargir l’offre à des régions éloignées où l’on peine à trouver des conseillers ou un psychologue. La seule limite devient alors l’accès à internet. »

Toutefois, rappelle-t-il, ce ne sont pas toutes les situations qui se prêtent au Counseling par l’entremise d’un ordinateur ou d’un appareil mobile. « Il importe d’avoir des services de triage en amont pour déterminer si la santé mentale ou la sécurité de la personne est en jeu. »

Et celles aux prises avec une dépression grave, des troubles d’anxiété ou mentaux? « Certes, l’analyse du professionnel de la santé se base en partie sur l’interaction avec le patient, précise le Dr Michael Szabo. Il peut donc être difficile de l’évaluer sur une plateforme numérique, qui pourrait influencer la dynamique entre les deux. »

Dans les cas où les rencontres en personne ne peuvent être tenues, un accompagnement en ligne demeure tout de même une stratégie plus profitable qu’aucun accès à un accompagnement. « On pourrait envisager la combinaison d’un rendez-vous avec le médecin de famille et un suivi en ligne », juge le Dr Szabo.

Question de confiance

Pendant la séance de Counseling, la relation entre les deux intervenants est évidemment primordiale. Si un écran s’interpose entre eux, risque-t-il de nuire au lien de confiance? « Que ce soit par internet ou en personne, tout repose sur la capacité de tisser des liens afin d’établir en toute sécurité une relation de confiance, souligne Allan Ptack. On pourrait avancer que ce serait plus facile en personne, mais avec de bonnes techniques, même par internet, il devient possible de créer une relation positive. »

Sylvain Authier note que les employés affectés aux services en ligne ont des « habiletés différentes » que ceux qui font des rencontres en personne. « Ils réussissent tout de même à décoder les visages, explique-t-il. Ils doivent aussi être à l’aise avec les technologies. Il existe des formations conçues spécialement pour le personnel qui prodigue du Counseling en ligne et nous continuons de les peaufiner. »

« Il y a une question de personnalité, de génération et aussi de situation, note Danielle Vidal. Certains participants vont préférer le téléphone, qui peut permettre de rester un peu plus anonyme au moment d’aborder des sujets délicats. Dans ces cas, le patient va choisir le canal de communication qui lui convient au moment où il en a besoin et le professionnel s’adaptera à sa réalité. »

Pour le Dr Michael Szabo, les technologies incitent du reste à l’action. « Il peut être difficile de créer un lien de confiance via Internet, mais pour certaines personnes, avoir cette option supplémentaire pourrait au contraire faciliter les choses, explique-t-il. C’est propre à chacun et il faut déterminer qui est susceptible [de bien répondre au coaching numérique]. On pourrait obtenir de meilleures informations d’une personne timide grâce au numérique, mais si sa timidité fait partie du problème, il importe aussi de lui donner des occasions de sortir de sa coquille. »

Counseling 2.0, 3.0, 4.0?

Tout laisse croire qu’avec l’arrivée d’une nouvelle génération au travail ainsi que l’évolution des technologies, le Counseling numérique connaîtra un essor dans les années à venir. À titre d’exemple, le Dr Szabo cite l’offre grandissante des services de nutrition ou de conseil financier. « Beaucoup de parents cherchent aussi de l’aide – et des réponses en temps réel. Ça pourrait compliquer la vie du thérapeute ! prévient-il. On s’aventure presque dans un monde où on tient le patient par la main, en interaction quasi permanente. De petits rappels peuvent faire en sorte que l’attente entre chaque rendez-vous semble moins longue. »

« On prévoit une explosion des services numériques, autant en termes de nouvelles technologies que de demande des utilisateurs. Et des technologies novatrices risquent de révolutionner le domaine des PAE, conclut Sylvain Authier. Si des robots réalisent certains actes dans plusieurs branches de la médicine, pourquoi cela ne serait-il pas le cas dans le domaine de la santé mentale? »

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UTILISATION DES APPLIS

Adultes canadiens ayant utilisé au moins une application mobile liée à la santé au cours des trois derniers mois

Selon l’âge
Moins de 35 ans51 %
35-54 ans 33 %
55-64 ans23 %
65 ans et plus 11 %
Selon le revenu familial
Moins de 40 000 $ 26 %
40 000 $ à 59 000 $ 28 %
60 000 $ à 79 000 $ 30 %
80 000 $ à 99 000 $ 39 %
100 000 $ et plus 43 %
Source : ­CEFRIO, septembre 2017, bit.ly/2x9w2Do.

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