Un nombre croissant d’employeurs canadiens se disent prêts à recruter des candidats à l’international en tirant profit du télétravail. Une telle démarche comporte toutefois de nombreux défis.

Près des deux tiers (65 %) des employeurs canadiens indiquent être actuellement dans une démarche d’embauche d’employées à distance dans tout le pays ou se disent prêts à le faire, tandis que le tiers semblent intéressés ou déjà engagés dans un processus de recrutement à l’étranger, selon un nouveau rapport de PwC Canada réalisé pour le compte de l’Association canadienne de la paie.

Les employeurs qui se disent ouverts à recruter à l’international pour des postes en télétravail précisent toutefois qu’ils entreprennent de telles démarches presque exclusivement dans les régions où l’entreprise est déjà établie, souvent dans le cadre d’un programme de mobilité mondiale.

L’appétit des entreprises pour embaucher des employés à l’extérieur de leur province varie énormément selon les secteurs d’activité. Ainsi, 100 % des employeurs du secteur des technologies de l’information sont favorables, comparativement à 78 % dans le secteur des services professionnels. L’intérêt est toutefois très faible dans le secteur public, où seulement 25 % des employeurs sont intéressés à embaucher des employés à distance dans d’autres provinces canadiennes, et ils n’ont aucune ambition de recruter à l’extérieur du pays.

Obstacles administratifs et fiscaux

Les employeurs canadiens soutiennent en outre qu’il est plus difficile d’embaucher des travailleurs à distance vivants au Québec lorsqu’ils ne sont pas présents dans la province. Le rapport souligne le régime fiscal distinct et la législation plus complexe pour expliquer ce constat.

Mais ce problème n’est pas présent qu’au Québec. Le rapport fait état des complexités législatives et réglementaires liées à la paie, y compris la conformité et les obligations fiscales, qui contribuent à dresser des obstacles difficiles à surmonter pour certains employeurs. Les auteurs considèrent toutefois que « les risques et les coûts liés à ne pas s’engager dans des modalités de travail à distance et outre-frontière l’emportent sur les coûts administratifs anticipés. »

Les auteurs du rapport invitent le gouvernement à revoir certaines politiques et procédures, notamment l’élimination du formulaire fiscal T2200 qui sert à déclarer les dépenses de bureau à domicile.

« Le fait de donner une dimension permanente à l’option du travail à distance et outre-frontière dans une future stratégie de ressources humaines pourrait potentiellement créer un accès à de nouveaux bassins de talents, tant au Canada qu’à l’étranger, et rendre les lieux de travail plus équitables », soutient Michael Dobner, leader national, analyse économique chez PwC Canada.

Le nombre de postes vacants a augmenté de 22 % entre mai et juin 2021 au Canada. En août, le taux de postes vacants a atteint 4,6 %, soit son plus haut niveau depuis six ans. En juin, les Canadiens étaient également trois fois plus susceptibles de quitter leur emploi pour cause d’insatisfaction par rapport à l’année précédente. Selon le rapport, de 2019 à 2028, le Canada devra se priver de l’ajout d’un montant allant jusqu’à 15 milliards de dollars au PIB en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Le tiers des emplois touchés par la pénurie pourraient être compatibles avec le télétravail, estime PwC.