Les médicaments coûteux sont un sujet d’actualité depuis leur arrivée sur le marché, il y a plus de 25 ans. L’Eprex, utilisé pour traiter les cas d’anémie graves, a été le premier médicament de spécialité à être couvert par les régimes d’assurance médicaments canadiens. À l’époque, son prix d’environ 7 000 $ était exorbitant et sans précédent. Vinrent ensuite les médicaments biologiques, dont le coût annuel était d’environ 20 000 $, puis les médicaments contre le cancer, commercialisés à plus de 100 000 $ par année.

Nous avons récemment vu des médicaments utilisés pour traiter des maladies orphelines coûtant 300 000 $ ou plus par année de façon récurrente. En 2021, la thérapie génique est à nos portes et reviendra à plus d’un million de dollars.

Les gestionnaires de régimes peinent depuis longtemps à gérer ces médicaments très chers, qui, d’une part, améliorent grandement l’état de santé et la qualité de vie des réclamants, mais, d’autre part, occupent une place de plus en plus grande dans les budgets des régimes collectifs de soins de santé.

Une stratégie de rémunération globale cohérente

La consommation de médicaments de spécialité demeure faible par rapport au coût total des médicaments, ne représentant qu’environ 1 % de toutes les demandes de règlement. Toutefois, elle forme une part importante des coûts des régimes, de l’ordre de 35 %. L’accès aux médicaments de spécialité constitue néanmoins une composante importante de la protection financière offerte aux employés et à leurs familles.

En ce qui concerne la couverture de ces médicaments, la stratégie de limitation des coûts de l’employeur devrait suivre une approche à cinq piliers en accord avec sa stratégie de rémunération globale.

Le point de vue de l’employeur

Les gestionnaires de régimes peuvent utiliser les objectifs opérationnels et de ­RH de l’entreprise comme point de départ pour examiner la structure des régimes d’assurance médicaments. Que le but premier d’une entreprise soit de réduire les coûts, d’attirer et de fidéliser les employés, de prendre soin de la santé de ses employés ou de favoriser l’innovation, ces objectifs doivent se refléter dans la philosophie de conception de l’assurance médicaments.

Le point de vue de l’employé

La perception qu’ont les employés de la valeur du programme d’assurance maladie doit également être prise en compte. Les caractéristiques démographiques actuelles et futures des employés, leurs besoins en matière de soins de santé et leurs valeurs (consumérisme, solidarité, etc.) entrent tous en jeu.

Le point de vue financier

Le budget est un élément important à prendre en considération avec les médicaments de spécialité. Bon nombre d’entre eux traitent des maladies chroniques et évolutives, ce qui entraîne des coûts récurrents et croissants. Il est essentiel pour la conception des régimes de s’assurer que la structure s’harmonise avec les budgets à long terme de l’organisation et que des protections appropriées sont en place.

Le point de vue de la concurrence

Les employeurs doivent garder à l’esprit la façon dont la couverture offerte se compare au sein de leur secteur d’activité ou par rapport à celle des organisations concurrentes avec lesquelles ils luttent pour attirer des talents.

Le point de vue géographique

Le contexte provincial des soins de santé est un autre élément important à considérer. Plusieurs provinces offrent un certain niveau de couverture de réserve spéciale (le régime ­Pharmacare de la ­Colombie-Britannique ou le programme ­Trillium de l’Ontario) ou des programmes d’assurance médicaments universelle (Action ­Cancer ­Ontario). Les promoteurs de régimes doivent évaluer dans quelle mesure ils souhaitent reproduire ce genre de couverture, transférer les coûts ou coordonner les prestations avec la couverture provinciale actuellement en vigueur.

Des outils pour mesurer les aspects qualitatifs (comme la perception des employés envers la valeur de leur régime ou pour évaluer la santé des employés) ou financiers (comme l’incidence des changements dans les paramètres des régimes) doivent être utilisés pour appuyer une approche à cinq piliers de la gestion des régimes d’assurance médicaments. À la lumière de ces résultats, une stratégie peut ensuite être mise en œuvre à l’aide de mesures de contrôle des coûts proposées par les assureurs ou d’autres partenaires pour y parvenir.

Avec l’arrivée de médicaments de plus en plus coûteux, une meilleure disponibilité des mesures offertes sur le marché de l’assurance collective et le développement d’outils afin d’évaluer l’effet de telles mesures, il devient impératif pour les employeurs de réévaluer leur stratégie en matière de médicaments de spécialité en examinant tous les aspects de leurs activités.


• Ce texte a été publié dans l’édition de mars 2021 du magazine Avantages.
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