Lors de son récent passage à Montréal, nous avons rencontré Andrew Marchese, chef des actions canadiennes et gestionnaire de portefeuille auprès de Pyramis Global Advisors, une société de Fidelity Investments. À ce titre, M. Marchese assure la direction d’Équipe Canada, l’équipe de recherche sur les actions canadiennes pour les produits gérés par Pyramis et vendus notamment aux investisseurs institutionnels.

  1. Êtes-vous optimiste quant aux perspectives du marché boursier canadien en 2012?

Andrew Marchese : L’optimisme ou le pessimisme ne sont pas des critères de référence pour moi. Et je ne tente jamais de prévoir si l’année sera bonne ou mauvaise pour les marchés. À mon avis, il est extrêmement difficile de prévoir la performance d’un secteur d’activité ou de tout un marché au cours d’une période donnée, et d’autant plus de le faire de manière constante. Chez Pyramis, nous croyons davantage à la valeur d’un choix judicieux de titres, fondé sur une recherche ascendante et fondamentale. Nos experts en placement ont pour principal objectif de produire des rendements stables, réguliers et renouvelables.

Pour réaliser des résultats supérieurs, nous mettons à profit l’expérience profonde et diversifiée qu’offre Fidelity Asset Management. Pour nos clients, cela signifie l’accès à une connaissance experte sur un large éventail de catégories d’actif. Nous parvenons à déceler des opportunités dans tous les types de marchés en puisant dans les diverses capacités de l’organisation, notamment celles des gestionnaires de portefeuilles d’actions qui choisissent les titres en fonction d’une recherche ascendante rigoureuse, celles des gestionnaires de portefeuilles de titres à revenu fixe, qui conjuguent la recherche ascendante avec les perspectives macroéconomiques, et celles des gestionnaires de portefeuilles de répartition de l’actif, qui visent à déterminer la combinaison optimale en fonction d’un mandat donné.

Si on observe de près l’évolution du marché depuis le début du cycle actuel, après la crise de mars 2009, on constate que le marché s’est comporté de manière très rationnelle. Cela peut paraître surprenant, compte tenu des nouvelles alarmantes que nous entendons chaque jour. Or, une brève analyse permet de constater que le marché a d’abord été mené en 2009 par des titres à petite capitalisation, des titres bêta 1, des titres de début de cycle et des titres de qualité inférieure, pour migrer ensuite vers des titres traditionnels de milieu de cycle au cours de l’année 2010. Dès le début de 2011, les rendements provenaient de titres à grande capitalisation et de titres de fin de cycle, une évolution caractéristique d’un marché en voie de maturation.

L’année 2012 suivra-t-elle la tendance historique traditionnelle? Plusieurs facteurs pourraient modifier le parcours. Tout d’abord, le « bruit macroéconomique » causé par le problème de la dette souveraine en Europe, l’inflation en Chine et une économie américaine chancelante, influera certainement sur les marchés. À mes yeux, ces facteurs révèlent des opportunités intéressantes de placement dans certaines sociétés. Le contexte pourrait devenir de plus en plus attrayant à mesure que nous comprendrons plus clairement les facteurs macroéconomiques qui brouillent actuellement les perspectives.

  1. Compte tenu de la forte concentration d’actions canadiennes sur le marché des produits de base, y a-t-il lieu de s’inquiéter de l’avenir à long terme?

A.M.: Depuis le 19e siècle, l’histoire nous dit que le marché des produits de base a tendance à évoluer suivant d’amples cycles ascendants et descendants, d’une durée de 10 à 20 ans. À l’heure actuelle, nous sommes dans la 11e année d’une vague ascendante. Le marché a subi une correction en 2008, mais a vivement rebondi en 2009 pour atteindre de nouveaux sommets en 2010 et 2011.

Il est impossible de prédire combien de temps ce cycle ascendant se maintiendra. Nous continuerons d’observer les données et de prendre des décisions en fonction de leur évolution.

  1. Percevez-vous de nouvelles tendances dans la répartition de l’actif ou la constitution de portefeuilles?

A. M. : Pour satisfaire les attentes des clients, il faut trouver des moyens de réduire la volatilité des portefeuilles. Une des manières d’y parvenir consiste à diversifier les catégories d’actif en conjuguant le capital-investissement, l’immobilier et les produits insensibles aux fluctuations des marchés. Il s’agit de réduire la volatilité globale des portefeuilles tout en améliorant les rendements ajustés au risque.

Plus précisément, notre démarche de gestion des placements exclut la synchronisation du marché et la rotation de secteurs. Nous gérons l’actif en fonction du mandat défini pour chaque portefeuille, et maintenons le cap sur cet objectif quel que soit le contexte financier. Nous estimons que la clé du succès à long terme est d’établir un processus et de s’y tenir afin de fournir des rendements stables à nos clients.

La solidité de notre équipe repose sur la capacité de ses membres de faire des choix de titres judicieux, et de créer ainsi de la valeur ajoutée. Pour les portefeuilles institutionnels que nous gérons, nous appliquons une démarche neutre par rapport aux secteurs, nos recherches ayant démontré que la neutralité est un puissant outil de contrôle du risque relatif. Notre processus de choix des titres est la source principale de nos rendements alpha.

  1. Pensez-vous que les clients devraient s’attendre à des rendements inférieurs dans un avenir proche?

A. M. : Je pense que les clients devraient escompter les rendements prévus d’après le mandat d’investissement qu’ils ont établi avec leur gestionnaire de portefeuille. Il est difficile de commenter les rendements absolus, car il y a tout simplement trop de variables. Les clients institutionnels ont constitué leur portefeuille en faisant des choix d’investissement dans des actions, des titres à revenu fixe et d’autres catégories d’actif, puis en déterminant la répartition géographique de leurs placements. Il incombe aux gestionnaires d’atteindre ou de dépasser les objectifs d’investissement établis par leurs clients. C’est là notre mandat et c’est ce que les clients peuvent attendre de nous.