Plusieurs promoteurs de régime de retraite à prestations déterminées (PD) sont en train de revoir leurs stratégies de placement, afin de mettre davantage l’accent sur la gestion du risque. Le but est de mieux gérer la capitalisation du régime, les cotisations et la volatilité des états financiers. La question est donc : « Comment les promoteurs devraient-ils décider quand est le bon moment pour changer de stratégie? »

Mettre l’accent sur la gestion du risque requiert généralement de plus grandes répartitions des dérivés de couverture des actifs (obligations). Mais, une transition trop considérable vers les obligations pourrait ne pas être souhaitable, confinant le régime à une capitalisation, à une époque où les taux d’intérêt (qui ont diminué de façon significative au cours des dernières années) ont plus de chances d’augmenter que de baisser, si la situation économique s’améliore.

Quand elle est faite conjointement avec une transition des actifs sources de rendement (actions) vers des dérivés de couverture, une meilleure gestion du risque crée souvent un désir de mieux assortir les caractéristiques (par exemple la durée) d’un portefeuille d’obligations, avec les caractéristiques de dérivés, en utilisant notamment des stratégies d’investissement guidé sur le passif.

Les promoteurs peuvent atteindre efficacement leurs objectifs à long terme en matière de risque, en utilisant des stratégies proactives d’investissement de réduction des risques, stratégies qui mettent l’accent sur la répartition dynamique des actifs et qui ont pour effet une réduction graduelle des risques d’investissement et une augmentation de la capitalisation du régime à travers les rendements des actifs et une hausse des taux d’intérêt et des cotisations.

Le processus de répartition dynamique des actifs
Cette stratégie, pour les régimes PD, utilise généralement la capitalisation du régime comme base afin d’augmenter la répartition cible des obligations. L’approche la plus commune est d’augmenter la répartition des obligations en utilisant des « éléments déclencheurs » prédéterminés, qui se basent sur le coefficient de capitalisation (voir le tableau ci-dessous).

La répartition dynamique en chiffres

POLITIQUES

Capitalisation

Obligations

Actions

Initiale

80 %

30 %

70 %

Étape 1

85 %

35 %

65 %

Étape 2

90 %

40 %

60 %

Étape 3

95 %

50 %

50 %

Étape 4

100 %

60 %

40 %

Étape 5

105 %

70 %

30 %

Finale

110 %

80 %

20 %

* Dépend des objectifs et des facteurs de risque.

Il n’y a pas de stratégies de synchronisation du marché. Il y a plutôt des tactiques qui existent afin de permettre au promoteur d’atteindre ses objectifs de réduction des risques à long terme. Il n’y a pas non plus de réponse magique quant à la vitesse à laquelle on peut réduire les risques et quant au nombre de déclencheurs, mais de se fixer un but, soit de tenter d’augmenter la répartition des obligations et de mettre encore plus l’accent sur les stratégies d’investissement guidé par le passif, après avoir obtenu un rendement d’actions important ou après une augmentation des taux d’intérêt, donc, quand les changements auront le moins d’effet possible sur les coûts. Les promoteurs de régime doivent créer une balance entre leur désir d’un plein financement et leur capacité d’accepter les risques.

Il y a trois facteurs essentiels à considérer quand on veut mettre en place des politiques de réduction des risques des placements : la politique initiale de répartition, la politique finale de répartition et la « trajectoire descendante », qui va de la politique initiale à la politique finale, par exemple une répartition d’actifs plus audacieuse (actions) qui devient plus prudente (obligations).

Alors que la stratégie de répartition dynamique d’actifs appropriée est unique à la situation de chaque promoteur, il existe quand même des facteurs communs qui influencent les approches choisies par le promoteur :

• la capitalisation actuelle du régime;
• le statut du régime (permanent, fermé, gelé);
• la taille du régime par rapport à la taille de l’entreprise;
• le type de plan et le niveau de maturité;
• les niveaux acceptables et potentiels de la volatilité des cotisations et des dépenses du régime;
• les perspectives du marché financier;
• le désir éventuel de transférer les risques.

Les promoteurs devraient utiliser un processus facile à comprendre quand ils élaborent les stratégies personnalisées de répartition dynamique des actifs, qui devraient être spécifiques compte tenu des circonstances particulières et de leurs objectifs.

Mettre en application la politique d’investissement
En élaborant de telles stratégies, c’est important d’aligner la structure de gestion du comité des pensions avec la politique de réduction des risques.

Dans plusieurs cas, les promoteurs devront revoir leur gestion afin d’assurer que la politique puisse s’implanter efficacement. Certains promoteurs auront tendance à considérer la politique de réduction des risques comme une approche comme les autres. Pour s’assurer que la politique sera bel et bien implantée, il suffit de formellement ajouter la stratégie de répartition dynamique d’actifs à la politique d’investissement ou de créer un document autonome qui assure que cette stratégie sera véritablement implantée.

Il faut également obtenir une préapprobation pour mettre en place une telle stratégie et ce devraient être les membres du comité d’exécuter la répartition dynamique d’actifs. En ayant une préapprobation, cela permet d’éliminer l’aspect émotionnel du processus de prise de décision. C’est important par ce que les stratégies dynamiques peuvent forcer le promoteur à prendre des décisions anticycliques, par exemple vendre des actions quand le marché remonte. Finalement, une préapprobation permet également de pouvoir mettre en place à temps la stratégie de réduction des risques et d’éviter de perdre du temps dans des débats interminables, qui pourraient retarder ou annuler la mise en place de la stratégie.

Les promoteurs devront faire face à plusieurs problèmes quand ils mettront en place la stratégie de réduction des risques. Voici donc six questions auxquelles devraient penser les promoteurs de régime de retraite.

1. Est-ce le bon moment pour mettre en place une stratégie de réduction des risques?
Pour le moment, les taux d’intérêt ont atteint un creux presque historique. Cependant, il existe des facteurs qui pourraient nous faire croire que les taux d’intérêt resteront bas encore un bon moment et même qu’ils pourraient baisser encore plus. Élaborer une stratégie de réduction des risques ne veut pas dire qu’il faut agir immédiatement. Au contraire, cette stratégie peut être un projet afin d’assurer que les actions seront prises en temps voulu, quand ce sera plus prudent d’instaurer une telle politique.

2. À quelle fréquence la capitalisation du régime est-elle évaluée?
Les promoteurs devront évaluer les coûts et les bénéfices d’un contrôle plus fréquent et d’un contrôle moins fréquent. Comme de plus en plus de promoteurs mettront en place des stratégies de répartition dynamique des actifs, cela pourrait être un réel avantage d’être l’un des premiers. Par exemple, si tous les promoteurs se mettent à acheter des obligations au même moment, les occasions deviendront plus rares.

3. Est-ce que la stratégie de répartition dynamique des actifs est uniquement une stratégie de réduction des risques possible ou peut-elle être aussi appropriée pour augmenter les risques?
Généralement, la stratégie de répartition dynamique des actifs est considérée comme une stratégie de réduction des risques et est appliquée comme si elle était une stratégie à sens unique. Chaque fois que la capitalisation du régime atteint un seuil de déclenchement, une nouvelle cible de répartition des actifs est choisie (basée sur la trajectoire descendante), mais aucun changement n’aura lieu si la capitalisation du régime descend sous ce seuil de déclenchement.

Certains promoteurs de régime ont mis sur pied des stratégies bidirectionnelles et vont augmenter les risques de la répartition d’actifs si la capitalisation du régime diminue, dans le but de mieux gérer la capacité financière.

4. Comment le portefeuille doit-il être rééquilibré?
Le rééquilibrage du portefeuille doit être assez large pour permettre un rééquilibrage efficace à moindres coûts. Une optimisation des flux et la monétisation des investissements afin de financer les prestations d’avantages sociaux réduiront les coûts liés aux changements.

5. Quels sont les rôles que peuvent jouer les gestionnaires d’actions
Les promoteurs devraient réévaluer les coûts et les bénéfices d’une gestion active du régime. Selon les types de placement (par exemple, ceux qui voient à court terme ou ceux qui ont une plus petite répartition d’actions), les bénéfices éventuels d’une gestion active peuvent être moins élevés, à tel point qu’il serait peut-être sage de limiter les ressources de gouvernance sur le suivi et l’exécution de la stratégie de répartition dynamique des actifs, plutôt que sur l’évaluation des gestionnaires actifs.

Les promoteurs qui continuent de gérer activement vont vouloir réduire le nombre de gestionnaires actifs, alors que le montant alloué aux actions diminue et que la baisse des mandats de taille moyenne aura pour conséquence l’augmentation des honoraires versés aux gestionnaires

6. Quels mandats les gestionnaires-obligataires devraient-ils avoir?
Plusieurs régimes PD ont fait la transition vers les obligations, afin de mieux aligner les actifs et les passifs. Si la durée du passif est vraiment différente de celle des obligations à long terme, ou que la répartition des obligations diminue, il devient plus important des gestionnaires aient accès à des flux de trésorerie des passifs et de fixer les points de référence appropriés.

Toutefois, des améliorations importantes à son portefeuille obligataire ne peuvent être justifiées tandis qu’il existe toujours une importante répartition d’actifs. Lorsque le budget de gouvernance le permet, les gestionnaires-obligataires actifs qui ont de fortes capacités de recherche de crédit (pour anticiper les valorisations, les dégradations ou les défauts) peuvent offrir des occasions d’améliorer les rendements.
La gestion active peut également être utilisée lorsque vous travaillez avec des flux de trésorerie propres au régime des stratégies d’investissement guidé sur le passif. Les promoteurs de régimes qui utilisent la gestion active devraient prendre en considération les avantages de l’utilisation d’une structure multigestionnaires afin de limiter les risques spécifiques aux gestionnaires et d’améliorer la diversification du portefeuille.

Pour les promoteurs de régimes PD qui souhaitent changer leurs stratégies d’investissement afin de se concentrer davantage sur la gestion des risques, les stratégies dynamiques de répartition d’actifs peuvent leur permettre d’atteindre efficacement leurs objectifs et récompenses à long terme. Mais, alors qu’il y a beaucoup de thèmes communs quant aux politiques d’investissement qui permettent de diminuer les risques, chaque stratégie doit être adaptée aux caractéristiques uniques du promoteur et des ses objectifs.

Richard Brown est un consultant en placement avec Tower Watson.