Une nouvelle étude démontre que l’intensification du travail et l’augmentation de la précarité ont des conséquences néfastes sur la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs.

Réalisée auprès de plus de 5000 travailleuses et travailleurs, l’enquête souligne l’importance de considérer la contribution de l’exposition à de mauvaises conditions de travail et d’emploi (insécurité et précarité contractuelle), de même qu’à diverses contraintes physiques et organisationnelles dans les raisons qui expliquent les inégalités sociales de santé. Les conclusions de l’étude sont sans équivoque : les plus pauvres, les moins scolarisés et les classes socioprofessionnelles plus défavorisées sont davantage malades.

Le vice-président de la CSN responsable de la santé et de la sécurité au travail, Jean Lacharité, estime qu’une conclusion importante doit être tirée de cette recherche. « Il faut étendre les mécanismes de prévention à l’ensemble des travailleuses et des travailleurs, souligne-t-il. Le gouvernement se doit d’agir dès maintenant. »

L’étude révèle aussi qu’une proportion importante de l’ensemble des travailleurs, soit 35,8 % ou quelque 1,3 million de personnes vivent de l’insécurité d’emploi. Cette population regroupe notamment les salariés dont le lien d’emploi est fragilisé par un contexte de restructuration ou de sous-traitance, des réalités reconnues comme ayant des effets sur la santé des travailleurs.

Contraintes physiques, gestes répétitifs et violence
Les causes d’accidents et de maladie professionnelle sont nombreuses et diversifiées : contraintes physiques, gestes répétitifs et même violence physique. Les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont fréquents. On les retrouve entre autres dans les secteurs de services comme la santé, l’assistance sociale, l’hébergement, la restauration, les services personnels, les arts et les spectacles, ainsi que dans les industries primaires, la construction, l’industrie manufacturière et les services gouvernementaux.

L’ensemble des résultats démontre qu’il existe des milieux de travail plus à risque que d’autres du fait qu’ils cumulent plusieurs caractéristiques particulièrement critiques en termes de risques pour la santé et la sécurité. Par exemple, le manque de marge de manœuvre, des contraintes organisationnelles et physiques importantes, des problèmes de soutien social, la rigidité des horaires et des lacunes en matière de reconnaissance sont autant d’éléments qui accentuent les risques pour la santé et la sécurité.

Cette étude met en lumière l’importance d’implanter une culture globale de santé et de sécurité dans les entreprises en intégrant un ensemble d’éléments pour arriver à améliorer le rendement de celles-ci, ont noté les auteurs. La recherche montre aussi que l’implication des gestionnaires et des travailleurs, et donc la reconnaissance de leurs savoirs, peut donner une meilleure garantie de l’effet durable des mesures de prévention implantées.

Pas de réclamations à la CSST
Les résultats de l’EQCOTESST mettent par ailleurs en lumière des lacunes sur le plan de l’indemnisation des personnes victimes de troubles musculo-squelettiques, d’accidents du travail et de lésions psychiques. En effet, le tiers des victimes d’un accident du travail ayant entraîné une absence n’a pas fait de réclamation à la CSST. Pour Jean Lacharité, il y a longtemps que la CSN fait valoir que les statistiques officielles ne permettent pas de mesurer l’ampleur des problèmes de santé et de sécurité au travail. Ainsi, les données d’indemnisation présentent un écart par rapport à l’ampleur réelle des lésions professionnelles (accidents et maladies) et aux besoins de prévention en santé et sécurité du travail.

« Même si on peut croire que les travailleurs syndiqués sont mieux protégés, parce qu’ils bénéficient de meilleures conditions de travail et qu’ils sont représentés, c’est à l’État que revient l’obligation de voter des lois qui nous protègent tous et particulièrement celles et ceux qui vivent le plus de précarité », a conclu Jean Lacharité.