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Le gestionnaire d’actif BlackRock exerce une influence sur les nominations à la Banque de l’infrastructure du Canada, dénonce l’OSBL américain Campaign for Accountability.

Campaign for Accountability (CfA) pointe du doigt des conflits d’intérêt entre le premier gestionnaire d’actif au monde et la Banque de l’infrastructure du Canada. Précisément, l’organisme de surveillance de l’éthique voit l’influence de BlackRock dans des nominations de personnel clé de l’institution.

La Banque de l’infrastructure du Canada était une promesse de campagne du premier ministre Justin Trudeau. Créée en juin 2017, cette société de la Couronne a pour mandat d’investir jusqu’à 35 milliards de dollars sur dix ans dans des projets d’infrastructure.

DE PROCHE EN PROCHE

CfA cite la nomination de Jim Leech l’an passé comme conseiller spécial de la Banque de l’infrastructure du Canada. M. Leech est un ami proche de Mark Wiseman, un cadre de BlackRock qui avait conseillé le gouvernement fédéral au moment de la création de l’institution.

La nomination de Janice Fukakusa, ancienne de la RBC, comme présidente de la Banque de l’infrastructure du Canada en 2017 déclenche aussi les foudres de CfA. Auparavant, Mme Fukakusa était la supérieure hiérarchique de Marcia Moffat chez RBC… avant que Mme Moffat rejoigne la direction canadienne de BlackRock. Marcia Moffat se trouve être l’épouse de Mark Wiseman, souligne CfA.

Enfin, Pierre Lavallée, le nouveau directeur général de la Banque de l’infrastructure du Canada, a déjà travaillé aux côtés de Mark Wiseman lorsque ce dernier était le directeur exécutif de l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada, pointe CfA.

« Les nominations sont faites à la suite d’un processus ouvert, transparent et basé sur le mérite, dément Kate Monfette, directrice des communications du ministère de l’Infrastructure et des Collectivités, interrogée par Conseiller. Aucune entité privée ou autre n’a été impliquée dans ces processus de sélection. »

INFLUENCE AVANT LA CRÉATION DE LA BANQUE

CfA mentionne également que le gouvernement Trudeau avait « largement consulté BlackRock » en 2016 sur le projet de création de la Banque de l’infrastructure du Canada.

BlackRock avait aussi financé le cercle de réflexion C.D. Howe Institute, dont les publications ont soutenu la création de la Banque de l’infrastructure du Canada, avance CfA.

« Les relations étroites entre BlackRock et la Banque de l’infrastructure du Canada menacent l’indépendance de celle-ci, et questionnent sur les réels bénéficiaires de son existence, affirme Daniel E.Stevens, le directeur exécutif de CfA. Les Canadiens devraient pouvoir financer leurs projets d’infrastructure hors de l’influence du plus grand gestionnaire d’actif au monde. »

De son côté, le ministère de l’Infrastructure et des Collectivités relativise l’influence de BlackRock sur la création de la Banque de l’infrastructure du Canada.

« La session organisée avec BlackRock représente quelques heures à l’automne 2016 parmi des centaines d’autres heures passées à mener des consultations entourant la Banque de l’infrastructure, explique Kate Monfette. Nous sommes fiers des efforts de consultation que nous avons menés dans le cadre de l’élaboration de la Banque de l’infrastructure et nous allons continuer d’entretenir un dialogue avec une vaste gamme de groupes. »