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À l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), le ­vice-président exécutif et directeur général, ­Jean ­Bourcier, se garde bien de prétendre que les assurés risquent de comparer les honoraires facturés d’une pharmacie à une autre. « ­Depuis le 15 septembre dernier, les pharmaciens ne reçoivent pas énormément de questions, ­déclare-t-il. Je crois que la majorité des patients savaient que les honoraires peuvent être différents d’une pharmacie à l’autre, mais qu’ils sont identiques à l’intérieur d’une même pharmacie pour différents patients qui prennent le même médicament. »

Le directeur général affirme que les différences d’honoraires ne sont pas aussi importantes que l’ont prétendu certains médias. Selon M. Bourcier, les prix très hauts et très bas rapportés relevaient probablement « d’erreurs ou d’anecdotes ». D’ailleurs, il ne croit pas que la nouvelle mesure augmente la compétition entre les pharmacies. « J’espère que les patients magasineront leur pharmacien et non leur pharmacie, ­ajoute-t-il. Le médicament est un outil pour aider à traiter une affection qui doit être évalué par un médecin et analysé et livré par un pharmacien. Les patients devraient s’assurer qu’ils ont le meilleur service pharmaceutique possible. »

Pour ­Jean ­Bourcier, les modifications apportées en pharmacie offrent une opportunité, pour les pharmaciens, de discuter de leurs services avec les patients. « ­Souvent, on voit le prix de la prescription comme uniquement le prix du produit, ­dit-il. Dans les faits, lorsqu’on va chercher une prescription à la pharmacie, on paye un service pharmaceutique. »

«L’occasion est belle pour les assureurs et les pharmaciens de revoir les programmes pour s’assurer de l’optimisation des médicaments.»

– Jean ­Bourcier, AQPP

Une mesure insuffisante ?

Quoi qu’en pensent les personnes consultées, toutes admettent que la facture détaillée en pharmacie ne suffira pas à contrer la hausse du coût des médicaments. « ­Assureurs, employeurs et assurés doivent mettre les contrôles appropriés pour forcer les pharmaciens québécois à réclamer des montants raisonnables, comme cela se fait dans les autres provinces, martèle ­Johanne ­Brosseau. Il faudrait que les assureurs, tous ensemble, décident de mettre en place un montant maximum admissible. Et, pour une fois, ils doivent arrêter de penser individuellement pour se différencier de la concurrence et se dire que l’enjeu est suffisamment important pour adopter une position commune. »

Le directeur général de l’AQPP estime, pour sa part, que le coût des médicaments est un problème qui doit être abordé plus largement. « ­On oublie souvent le médecin, qui est le détenteur du crayon qui écrit la prescription, mentionne ­Jean ­Bourcier. L’occasion est belle pour les assureurs et les pharmaciens de revoir les programmes pour s’assurer de l’optimisation des médicaments. Les assureurs auraient intérêt à s’asseoir avec les pharmaciens pour optimiser leur rôle dans le suivi de la thérapie de leurs assurés. Tous les intervenants doivent se pencher sur l’optimisation de la politique du médicament pour faire en sorte que l’on ait un contrôle optimal des coûts. »

«Il faut sensibiliser les employés au fait que les employeurs pourraient un jour arriver à un point de rupture parce que les coûts augmentent chaque année.»

– Lyne ­Duhaime, ACCAP-Québec

POINTS SAILLANTS DE LA LOI

Depuis le 15 septembre 2017, les pharmaciens du ­Québec sont tenus, en vertu des modifications apportées à la ­Loi sur l’assurance médicaments, de remettre une facture détaillée à toute personne réclamant un service pharmaceutique, un médicament ou une fourniture couverte par le régime général d’assurance médicaments.

Les factures remises en pharmacie au ­Québec comportent les informations suivantes :

  • Le prix de la molécule (ce prix est fixé par le gouvernement et est le même d’une pharmacie à l’autre) ;
  • Pour chaque service rendu, les honoraires professionnels du pharmacien (ce coût comprend les frais d’exécution d’ordonnance, la marge bénéficiaire du pharmacien ou tous autres frais perçus par ­celui-ci et il varie d’une pharmacie à l’autre) ;
  • Pour chaque médicament ou fourniture :
    Le prix assumé par le régime général d’assurance médicaments ;
    Le montant de la marge bénéficiaire du grossiste, le cas échéant (ce coût est fixé par le gouvernement à un maximum de 6,5 % du prix du médicament et est le même d’une pharmacie à l’autre).

La loi 92 prévoit également :

  • L’interdiction de restreindre, dans un contrat d’assurance collective, la liberté du participant de choisir son pharmacien.
  • L’interdiction, pour les fabricants, grossistes ou intermédiaires, d’assumer les coûts excédentaires pour le médicament d’un patient qui souhaiterait consommer un médicament de marque plutôt que son équivalent générique.

Sources : ­RAMQ et ­ACCAP

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