Même si le Régime québécois d’assurance parental (RQAP) a eu un effet positif sur l’égalité entre les femmes et les hommes, il faudra un meilleur partage du congé parental pour atteindre une véritable égalité conjugale, croit le Conseil du statut de la femme. L’organisme recommande notamment un congé de paternité exclusif supplémentaire et une plus grande flexibilité du régime afin de permettre une meilleure conciliation travail-famille.

« Nous croyons qu’un père en congé parental, particulièrement s’il est seul avec son enfant, développe un lien privilégié avec lui et accroît son sentiment de compétence parentale. Les études démontrent que cette expérience favorise par la suite un meilleur partage des responsabilités au sein de la famille », a déclaré la présidente du Conseil, Julie Miville-Dechêne.

Dans l’avis Pour un partage équitable du congé parental, le Conseil recommande, entre autres, d’instaurer un congé de paternité exclusif supplémentaire de trois semaines. Ce congé serait pris à même le congé parental, à condition que le père soit seul avec son enfant. Selon le Conseil, le partage des congés parentaux constitue une pièce maîtresse de la diminution des inégalités.

Pour formuler ses recommandations, l’organisme gouvernemental s’est basé sur les résultats d’une enquête menée auprès de parents québécois. Celle-ci a permis de dégager différentes données sur le partage des congés parentaux. Les couples rencontrés avaient beaucoup de points en commun : les pères ont tous utilisé l’ensemble du congé de paternité leur étant réservé (jusqu’à cinq semaines), mais peu ont eu recours au congé parental partageable (jusqu’à 32 semaines, soit sept mois et demi). Généralement, ils assument moins de tâches domestiques et de soins aux enfants que leur conjointe. La charge mentale – c’est-à-dire la planification, la préparation, la prévision et la délégation des tâches – repose de façon disproportionnée sur les femmes, selon le Conseil.

L’enquête révèle aussi que la prise d’un congé parental fait rarement l’objet de longues discussions dans un couple. « L’organisation du congé et de la parentalité se fait plutôt de façon instinctive. L’idée semble persister que le congé parental est d’abord la responsabilité de la mère, ce qui favorise peu un réel partage entre les parents », a soutenu la présidente.

La conciliation travail-famille plus difficile pour les femmes

Ces recommandations du Conseil du statut de la femme sont mises de l’avant dans un contexte où les femmes ont davantage de difficulté à concilier carrière et vie familiale que les hommes. Selon un sondage de CareerBuilder.ca, 33 % des mères actives sur le marché du travail se sont fait demander de travailler moins par au moins un de leurs enfants, comparativement à 27 % des pères. Elles sont aussi plus nombreuses à considérer que leur emploi affecte négativement leur relation avec leurs enfants (38 %) que les hommes (34 %).

Par ailleurs, les femmes seraient plus enclines à voir leur salaire diminuer pour pouvoir passer plus de temps avec leurs enfants (23 % contre 34 % pour les hommes) et également plus susceptibles de quitter le marché du travail si leur partenaire gagnait suffisamment d’argent pour que la famille puisse vivre confortablement (40 % comparativement à 27 % pour les hommes).

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