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Le président de l’Association canadienne du médicament générique (ACMG), Jim Keon, estime que le ministre Bolduc rate la cible en décrétant unilatéralement, sans consulter l’industrie, une baisse des prix des médicaments génériques au Québec.

Selon M. Keon, le ministre mesure mal les conséquences de cette décision. « Cette décision arbitraire produira des effets qui éloigneront le gouvernement du Québec de l’objectif qu’il vise : limiter la croissance des dépenses en santé. D’autant qu’elle est susceptible d’avoir des effets majeurs sur notre industrie qui compte près de 5 000 emplois directs au Québec », a-t-il affirmé, en présence des principaux dirigeants de l’industrie québécoise du médicament générique.

Par ailleurs, le président de l’ACMG s’explique mal que le gouvernement québécois cherche ainsi à affaiblir l’industrie du médicament générique qui offre déjà aux Québécois un accès à des médicaments de qualité à une fraction du prix du médicament équivalent de marque. « Les médicaments génériques ont tout de même permis des économies de près d’un milliard de dollars pour le système de santé québécois en 2009 », a-t-il rappelé.

Québec et Ontario : des réalités bien différentes
Selon les plus récentes données, le Québec est l’endroit qui utilisent le moins les médicaments génériques au Canada. De plus, selon M. Keon, les Québécois paient plus cher pour des médicaments de marque qui représentent plus de 82 % de sa facture en médicaments. La part de marché des médicaments génériques est près de 40 % plus faible au Québec qu’elle ne l’est en Ontario.

Dans les faits, la décision du ministre Bolduc est une adaptation tronquée de la décision récente de l’Ontario qui a réduit les prix des médicaments génériques, de sorte à ce qu’ils atteignent, en moyenne, près de 40 % cette année dans la province, en tenant compte des exceptions et des prix appliqués sur les marchés privés et publics.

« En coupant les coins ronds et en réduisant unilatéralement le prix à 25 % pour presque tous les médicaments génériques vendus au Québec, la décision du ministre privera les Québécois des économies substantielles qui seront réalisées en Ontario. »

Contrairement à l’Ontario, le gouvernement du Québec ne compensera pas les pharmaciens de toutes les régions pour la réduction importante des allocations professionnelles qui leur seront versées à la suite de la baisse des prix. Les fabricants de médicaments génériques pourront difficilement compenser ce manque à gagner important pour les pharmaciens provoquant déjà quelques mécontentements.

L’an dernier, les allocations professionnelles versées aux pharmaciens québécois par les fabricants de médicaments génériques afin qu’ils offrent des services essentiels à leurs patients ont représenté près de 200 millions de dollars.

Le gouvernement de l’Ontario a cherché, après plusieurs mois de consultation, à compenser en partie les effets de la baisse de prix.

L’industrie doit être consultée
Le ministre Bolduc a également choisi de maintenir la «règle des 15 ans», qui vise à rembourser le prix des médicaments de marque au-delà de la période couverte par leur brevet, ce qui coûtera cette année près de 300 millions de dollars aux contribuables québécois.

« Les seuls bénéficiaires de cette dépense sont des entreprises pharmaceutiques qui font actuellement l’objet d’une enquête parce qu’elles n’auraient pas respecté leurs engagements à l’égard du gouvernement, particulièrement en matière de prix. Ces mêmes entreprises ont déplacé leurs activités de recherche et de développement en Ontario. De plus, contrairement à leurs promesses, elles investissent 25 % de moins qu’elles ne s’y sont engagées, selon un rapport rendu public il y a quelques jours par une agence du gouvernement canadien », a ajouté M. Keon.

« Nous demandons donc au gouvernement québécois de nous consulter et de considérer toutes les options et l’ensemble des implications avant d’appliquer toute baisse de prix au Québec », a terminé M. Keon.