La santé mentale attire l’attention d’une quantité croissante d’employeurs, qui sont de plus en plus préoccupés par l’augmentation du nombre d’employés en invalidité de courte ou de longue durée en raison d’une maladie mentale.

Selon un récent sondage de ­Morneau ­Shepell, 65 % des dirigeants des ressources humaines considèrent qu’une meilleure formation de leurs gestionnaires serait une stratégie clé afin d’améliorer la gestion de l’invalidité. En matière de santé mentale, les dirigeants des ­RH ont constaté que leurs principales difficultés dans ce domaine étaient le manque de connaissance de la part des gestionnaires (58 %), le manque de connaissance de la part des employés (55 %) et la stigmatisation (55 %).

Les employeurs semblent donc comprendre qu’ils ont tout intérêt à investir dans la prévention tant sur le plan individuel qu’organisationnel pour éviter qu’un problème ne devienne une maladie chez un employé, et que l’environnement de travail et les pratiques de gestion ne contribuent à rendre les employés malades. Deux normes publiées au cours des dernières années ont aidé à sensibiliser et à fournir aux employeurs des cadres de référence en matière de prévention : la norme ­Entreprise en santé, au ­Québec, et la ­Norme nationale du ­Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail. Que ­peut-on faire de plus ?

Dans un récent livre blanc[1], on part de l’hypothèse que les employés qui ont un faible degré de résilience et de capacité d’adaptation courent plus de risques de souffrir de problèmes de santé mentale et de troubles psychologiques. On y met de l’avant la notion « d’hygiène cognitive », soit la capacité à gérer efficacement ses pensées négatives, à préserver ses capacités cognitives pour résoudre des problèmes, et à prendre de bonnes décisions sans avoir de pensées négatives influant sur sa santé mentale.

C’est donc dire que de bonnes habitudes d’hygiène cognitive permettraient d’augmenter la résilience et les capacités d’adaptation pour faire face à des niveaux de stress plus élevés provenant d’agents stressants au quotidien, des défis de la vie ou de changements importants auxquels nous devons faire face.

Le livre blanc fait d’ailleurs référence à deux types de « microcapacités » d’adaptation, c’­est-à-dire les développementales, qui nous éclairent sur les émotions, ainsi que les modes de réflexion et les façons de résoudre des problèmes. Ces capacités sont le fondement de la prise de décision efficace, mais, ultimement, ce sont les pensées d’une personne qui influencent ses actes. Et ce qu’elle fait chaque jour pour modifier sa façon de penser dépend de ses microcapacités d’adaptation durables, comme la présence attentive, ou mindfulness, et la méditation.

Il s’agit donc de gestes quotidiens permettant d’évacuer les pensées négatives non désirées et de les empêcher de s’intensifier. Cela permet de prendre du recul par rapport aux exigences de la vie et du travail afin d’améliorer la santé mentale et la résilience.

Somme toute, l’hygiène cognitive influence la santé mentale, qui a des effets à son tour sur les comportements, les actes et les choix ayant une incidence sur la santé globale et la résilience requise pour répondre aux exigences de la vie.

Notons finalement que les employés doivent s’engager volontairement dans le processus et comprendre la nécessité de prendre leurs responsabilités pour l’apprentissage et le développement de leurs capacités d’adaptation. Les employeurs peuvent former leurs dirigeants à mieux comprendre et gérer leurs employés, mais ni cours ni pilule magique ne résoudront le problème. Le message à retenir est que la santé globale du personnel s’acquiert un employé à la fois et que ce que pense un employé détermine ce qu’il fera.

Michèle ­Parent, M.Sc.A., ­CRHA, est directrice, services conseils santé chez ­Morneau ­Shepell.


[1] Développement des capacités d’adaptation et de la résilience des employés : Une bonne affaire pour les organisations, William Howatt, Morneau Shepell, août 2017.