Des coûts plus prévisibles. Voilà la raison pour laquelle de nombreuses entreprises du secteur privé ont décidé de se tourner vers les régimes à cotisation déterminée (CD) et de délaisser ceux à prestations déterminées (PD). Alors que l’assurance collective fait face à une hausse continuelle des frais de soins de santé, il semble probable que le modèle ­CD gagne en popularité dans ce domaine, notamment grâce à l’introduction de régimes flexibles.

Aujourd’hui, ces régimes sont offerts par un promoteur sur cinq, selon le plus récent Sondage ­Sanofi ­Canada sur les soins de santé. Malgré le fait que les travailleurs indiquent une légère préférence pour le modèle flexible, cet intérêt ne suffit pas à convaincre les promoteurs de remplacer un régime traditionnel d’assurance collective offrant une couverture prédéfinie. En effet, 55 % des employeurs sondés préfèrent cette formule à un régime flexible, un pourcentage qui est resté plutôt stable au cours des dernières années.

Et même si les employés prétendent aimer l’idée de pouvoir faire des choix qui leur conviennent, force est de constater qu’ils sélectionnent très souvent des options correspondant à la couverture du régime traditionnel dont ils bénéficiaient auparavant. ­Est-ce si surprenant ? ­On sait que beaucoup ont du mal à prévoir leurs besoins financiers à la retraite, comme l’exigent les ­CD. Un régime flexible demande en quelque sorte de prédire son état de santé pendant une certaine période à venir et de choisir ses options en conséquence. Même si on est en bonne santé, le choix n’est pas évident. Et comme personne ne veut être dépourvu de couverture au moment où elle sera nécessaire, la prudence s’impose.

Il y a toutefois la notion d’en avoir pour son argent. Une partie du problème de la fraude en assurance collective résiderait d’ailleurs dans ces personnes qui abusent de certains services afin de tirer le maximum de leur régime. Le modèle flexible joue ici un rôle intéressant car il permet aux participants d’allouer l’argent à des options préférées (ou nécessaires) en réduisant les dépenses dans d’autres secteurs qui ne correspondent pas à leurs besoins.

Or, tout comme dans les régimes de retraite ­CD, l’un des grands défis pour le participant à un régime flexible est effectivement de bien saisir toutes les options offertes. Le sondage susmentionné a d’ailleurs noté qu’il en existerait trop pour certains employés. Inciter ­ceux-ci à assumer plus de responsabilité quant à leur choix n’autorise pas pour autant le promoteur de régime à se déresponsabiliser. De concert avec le fournisseur, il doit continuer de soutenir les employés en leur donnant des outils et informations qui permettent de faire des choix éclairés. Les comptes de ­mieux-être peuvent s’avérer intéressants pour certains, par exemple, mais pas pour d’autres. Soulignons aussi qu’une bonne couverture de base est de rigueur.

Un des arguments en faveur des régimes ­CD du point de vue de la retraite est qu’ils correspondent bien au marché du travail d’aujourd’hui et à une ­main-d’œuvre hautement mobile. Même si l’idée d’un régime qui nous suit quand on change de travail ne s’applique pas à l’assurance collective, cette notion de personnalisation risque de plaire aux travailleurs.

Cependant, si les employés sentent qu’on met en place un régime flexible uniquement pour réduire les coûts, leur perception à l’égard de ce dernier peut changer. La meilleure façon de les convaincre de son utilité est de s’assurer qu’ils profitent pleinement des différentes possibilités et, pour emprunter une autre formule du domaine de la retraite, qu’ils ne laissent pas d’argent sur la table.

­Simeon ­Goldstein
Rédacteur en chef
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