La transition vers des régimes à cotisation déterminée pose plusieurs défis :

1. Aux promoteurs, puisque c’est vers eux que se tournent les participants pour obtenir de l’information;

2. Aux gouvernements, sur qui la pression s’accentue afin qu’ils s’assurent que les Canadiens aient un revenu suffisant à la retraite;

3. Aux Canadiens, qui doivent eux-mêmes prendre des initiatives pour s’assurer qu’ils pourront profiter d’une retraite confortable.

Les régimes de pension agréés collectifs, l’avenir?
Le régime de pension agrée collectif (RPAC) a été conçu dans le but de devenir le principal mode d’épargne-retraite de plus de 50 % des Canadiens à l’emploi d’entreprises qui n’offrent pas de régime de retraite ou qui sont travailleurs autonomes.

Alors que les Canadiens des autres provinces devront attendre l’adoption de la loi qui officialisera le RPAC pour adopter celui-ci, les Québécois, eux, ont accès depuis peu à un régime semblable. Dans son budget 2011, le gouvernement du Québec a mis en place un régime volontaire d’épargne-retraite (RVER). Tous les employeurs québécois devront offrir le RVER à leurs employés, mais ils ne seront pas obligés d’y cotiser. Les employés seront automatiquement inscrits aux RVER de leur employeur, mais pourront se retirer en tout temps. De plus, le RVER peut être transféré d’un employeur à un autre.

Frank Swedlove, président de l’Association canadienne des compagnies d’assurance de personnes, dit que si certaines des caractéristiques du RVER étaient intégrées au RPAC, plus de Canadiens y participeraient. Il affirme que les régimes de retraite canadiens dont la participation est devenue volontaire ont vu leur nombre de participants augmenter de 50 à 90 %.

« Le nombre d’adhérents augmente rapidement quand un régime devient volontaire, explique-t-il. Si, dans les deux premières années de la mise en place du RPAC, la participation des employés avait été obligatoire et celle des employés volontaire, le taux de participation aurait atteint au moins 80 %. »

Greg Heise, associé à Morneau Sheppel, abonde dans le même sens que M. Swedlove. Selon lui, si le RPAC avait été pensé pour être plus efficace, il aurait beaucoup plus de chances que le niveau d’épargne-retraite des Canadiens soit beaucoup plus élevé.

« On sait que les Canadiens n’épargnent pas assez en vue de leur retraite et c’est un problème important. Certains se demandent : « Si on va de l’avant avec le RPAC, vont-ils participer? » Cela dépend de la manière dont on le construit », affirme-t-il.

M. Heise ajoute que l’harmonisation et la transférabilité du régime vont être des facteurs importants pour assurer le succès éventuel du RPAC. Les Canadiens voudront être sûrs que les investissements pourront être transférés vers un autre régime s’ils changent d’emploi, mais aussi s’ils déménagent dans une autre province.

Informer les participants
Les baisses économiques des dernières années ont été l’une des causes principales de la tendance à adopter des régimes à cotisation déterminée. Mais, les participants sont devenus de plus en plus nerveux et confus. Ils ne savent plus où et comment investir leurs contributions à leur régime d’épargne-retraite.

Kate Nazar, vice-présidente adjointe, relations avec les clients, services de retraite à la Sun Life, affirme que les promoteurs doivent trouver des moyens plus efficaces de transmettre de l’information et d’éduquer les participants à leurs régimes. Selon elle, les médias sociaux et les technologies créent de nouvelles façons de communiquer. Pour elle, ils auront des effets positifs sur le taux de participation aux régimes de retraite. Plus de 60 % des Canadiens ont des téléphones cellulaires et un nombre de plus en plus élevé possèdent des téléphones intelligents. Des études américaines ont démontré que l’utilisation de tels appareils dotés d’un accès web durant des séances d’information peut augmenter immédiatement le taux d’inscription des employés au régime de 90 %.

Mme Nazar explique que, lors des dernières séances d’information de la Sun Life, grâce à l’utilisation de la tablette numérique PlayBook, le taux d’inscription de membres avait atteint… 100 %.

Au-delà de l’inscription, ces technologies offrent la possibilité aux promoteurs et administrateurs de communiquer avec leurs membres, car la communication papier n’est plus vraiment efficace. Mais, selon Mme Nazar, ces technologies peuvent aussi mener à un échec, si elles ne sont pas utilisées dans le cadre d’une stratégie de communication efficace.

« Il y a tant d’information à partager et tellement de manières différentes de le faire. Alors nous avons tendance à ignorer les stratégies traditionnelles de communication et à agir dans l’urgence pour être “nouveau » ou “cool » », explique-t-elle.

Selon Mme Nazar, quatre éléments assurent l’efficacité d’une stratégie de communication :

1.Comprendre pourquoi on communique
Il faut cerner les principaux objectifs de l’organisation pour laquelle on travaille.

2. Savoir à qui on s’adresse
Il est important de définir et de connaître le profil démographique du milieu de travail auquel on s’adresse. Cela inclut les groupes d’âge, la scolarité, l’environnement de travail, la langue parlée et plusieurs autres aspects. Ces caractéristiques joueront un rôle-clé dans le choix de la stratégie de communication, dans le style des messages véhiculés et dans le média utilisé.

3. Définir les messages-clés
Les documents qui contiennent trop de détails et d’informations sont à proscrire, puisqu’ils seront le plus souvent ignorés par les participants au régime. Simplifier les messages vous permettra d’atteindre vos objectifs!

4. Déterminer comment communiquer
Pour certains groupes de travailleurs, l’envoi de courriels peut être la stratégie idéale à adopter, alors que pour d’autres, le papier est encore gage de succès.

Littératie financière
Si vous voulez que les employés agissent, il faut d’abord vous assurer qu’ils aient les connaissances de base en matière de finances. Avec la popularité grandissante des régimes à cotisation déterminée, les participants auront besoin de mieux comprendre les produits d’investissement, les marchés, les taux et résultats et autres concepts, afin qu’ils se sentent à l’aise lorsque viendra le temps de prendre des décisions.

Certains, comme Matthew Rotenberg, conseiller en chef, communication, marketing des régimes collectifs de retraite à Standard Life, propose que les Canadiens apprennent les concepts financiers de base dès leur plus jeune âge et qu’ils reçoivent de l’information claire et compréhensible tout au long de leur vie. De cette manière, l’illettrisme financier pourra peut-être être éradiquée et les Canadiens seront en mesure d’épargner pour la retraite plus efficacement. « Le manque de connaissances est un réel problème, social et générationnel. Il faut travailler sur plusieurs plans pour changer cela », dit-il.

Ce texte est adapté d’un article paru sur BenefitsCanada.com. Adaptation par Anaïs Chabot.