Tsung-Lin Wu / 123RF

Depuis le début de 2010, les taux d’intérêt sur les échéances à long terme ont diminué de manière notable. En dépit du fait que la Banque du Canada ait entamé son redressement du taux de financement à un jour, les taux d’intérêt long terme, qui influencent la valeur des passifs actuariels, ont touché des niveaux semblables à ceux atteints au coeur de la crise financière de 2008. Cette tendance s’est accentuée au cours du 3e trimestre de 2010, selon Normandin Beaudry.

La baisse des taux entraîne de bons rendements sur les marchés obligataires. En revanche, elle pourrait avoir une incidence moins positive sur la situation financière des régimes de retraite. Les comités de retraite et les promoteurs de régimes devraient dès maintenant commencer à prévoir et même évaluer les effets de la baisse des taux d’intérêt sur la situation financière de leurs régimes de retraite à la fin de l’année 2010.

Le marché obligataire au 30 septembre 2010
Le tableau suivant illustre le rendement total de différents indices du marché obligataire canadien. Les rendements élevés mettent en relief l’effet de la baisse des taux d’intérêt sur la performance des obligations.

Indices

3etrimestre

2010

Année à date

(au 30 sept. 2010)

Univers

3.2%

7.5%

Long terme

5.6%

13.9%

Rendement Réel

5.2%

9.4%

Dans un contexte de baisse de taux, les obligations nominales long terme, qui ont une plus grande sensibilité aux variations de taux d’intérêt, ont connu la meilleure performance. Les obligations à rendement réel, qui offrent une protection contre une hausse de l’inflation, ont également obtenu de forts rendements compte tenu de leur longue échéance.

Effets à prévoir sur les hypothèses d’évaluation actuarielle
Les régimes de retraite assujettis aux normes de solvabilité et qui doivent déposer une évaluation actuarielle au 31 décembre 2010 ressentiront davantage l’impact de cette baisse des taux d’intérêt. Quels sont les effets à prévoir sur le taux d’actualisation utilisé pour les évaluations sur base de solvabilité?

Depuis la fin de l’année 2009, le taux d’actualisation, prescrit par l’Institut canadien des actuaires pour évaluer le passif actuariel des régimes sur base de solvabilité, a diminué d’environ 0,5 % pour les régimes dont les rentes sont non- indexées, alors que cette diminution est de l’ordre de 0,4 % pour les régimes dont les rentes sont indexées. Par conséquent, la valeur du passif d’un régime dont les rentes sont non-indexées pourrait augmenter de 5 à 10 % en 2010. Les régimes dont les rentes sont indexées seraient légèrement moins touchés.

En ce qui a trait aux évaluations actuarielles comptables, l’effet se fera davantage ressentir. Rappelons que le taux d’actualisation des évaluations actuarielles comptables est basé sur les taux de rendement à échéance des obligations de sociétés de grande qualité qui ont baissé d’environ 0,75% en 2010.

Effet de la volatilité des marchés sur la situation financière des régimes
L’autre élément qui influencera la situation financière des régimes sera le rendement sur les actions en 2010. Tel que mentionné précédemment, les rendements obligataires sont très positifs au 30 septembre. Sur le plan des marchés boursiers, les actions canadiennes et mondiales ont obtenu respectivement des rendements de l’ordre de 7,5 % et 1,0 % depuis le début de l’année 2010.

Au global, une caisse de retraite type répartie 60 % en actions et 40 % en obligations, a obtenu un rendement qui pourrait varier entre 5,0 % et 7,5 % au 30 septembre, selon que le portefeuille obligataire est investi en obligations univers ou long terme. Dans un cadre de gestion du risque, les obligations long terme ont définitivement contribué à protéger la situation financière des régimes de retraite.

Lorsque l’on combine le rendement des actifs et l’impact de la baisse des taux d’intérêt sur la valeur des passifs actuariels, les membres de comités de retraite et les promoteurs peuvent s’attendre à une certaine détérioration de la situation financière de leur régime de retraite au 31 décembre 2010 par rapport à l’année précédente. À moins que les marchés boursiers poursuivent sur la lancée du 3e trimestre, cette situation affectera de manière négative la solvabilité de la plupart des régimes de retraite. Les effets seront accentués pour les régimes ayant déjà un déficit actuariel.