Des taux d’intérêt à long terme inférieurs ont entraîné une baisse de la solvabilité des régimes canadiens à prestations déterminées de juillet à septembre, indique Aon Hewitt.

Même si le rendement « plutôt intéressant » des marchés des actions et les cotisations au régime de retraite ont contribué à compenser en partie cette baisse, le ratio de solvabilité global des régimes a chuté au troisième trimestre de près de 5 % comparativement au trimestre précédent.

Il s’agit de la première baisse depuis juin 2012. Toutefois, « les régimes qui avaient adopté une stratégie d’atténuation des risques se sont révélés moins sensibles aux baisses de taux, et leur ratio de solvabilité n’a pas souffert autant », précise la firme.

Quant à lui, l’indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite s’établit à 99 % au 30 septembre, contre 106 % au début de l’année et 105 % au 30 juin.

« Malgré la détérioration survenue au troisième trimestre, la situation financière des régimes de retraite demeure saine lorsque l’on tient compte du contexte des dix dernières années», explique Michel St-Germain, membre du partenariat au sein du groupe Consultation en régimes de retraite, gestion des risques et finance.

Rendement plus faible

Au 26 septembre, le ratio de solvabilité médian (la valeur marchande de l’actif du régime par rapport à son passif) des quelque 275 régimes qui ont participé à l’étude d’Aon Hewitt atteignait 91,1 %, soit un recul de 4,9 % par rapport au trimestre précédent, mais une hausse de 3,1 % comparativement à la même période en 2013.

Dans l’ensemble, juge Aon Hewitt, le rendement des titres boursiers a été bon au troisième trimestre, « mais comme les taux d’intérêt à long terme ont poursuivi leur recul, le régime de retraite moyen a réalisé un rendement plus faible par rapport aux régimes ayant adopté une stratégie d’atténuation des risques ».

« Les régimes à prestations déterminées canadiens ont réalisé une excellente chaîne de trimestres positifs », résume Claude Lockhead, associé exécutif, pratique de Retraite au sein d’Aon Hewitt.

Volatilité du marché

Toutefois, précise-t-il, « la volatilité du marché continue de présenter des risques importants et les promoteurs de régimes devraient formuler ou affiner leurs stratégies d’atténuation des risques pour se mettre au diapason de l’évolution des conditions du marché des capitaux ».

Selon Aon Hewitt, cette première baisse du ratio de solvabilité depuis plus d’un an et demi devrait « sonner l’alarme » et les inciter à réexaminer leurs tactiques de capitalisation et d’investissement et à considérer la gestion du risque comme un objectif de premier plan.

« Dans l’ensemble, la solvabilité des régimes canadiens est relativement forte comparativement à ce qu’elle était il y a quelques années et il reste donc du temps pour agir. Mais, avec la prochaine publication des nouvelles tables de mortalité, nous nous attendons à une augmentation importante du passif pour de nombreux régimes », prévoit Claude Lockhead.

« Tempête parfaite »

« La volatilité que nous avons prévue pour les trimestres précédents a commencé à produire un effet réel sur la baisse ce trimestre, et vraiment, la seule chose qui n’a pas aggravé le rendement était la solidité des marchés des actions aux États-Unis et à l’étranger », poursuit-il.

« S’il y a une correction de marché cet hiver, nous pourrons voir un recul continu dans le ratio de solvabilité des régimes. En combinaison avec l’incidence des nouvelles tables de mortalité, certains d’entre eux pourraient se retrouver pris dans une tempête parfaite de rendements inférieurs et d’augmentation du passif, éliminant les énormes gains que de nombreux régimes ont réalisés au cours des 18 derniers mois. »

De nombreux promoteurs cherchent toujours à réduire leur exposition au risque en confiant certains éléments de passif à une compagnie d’assurance par une opération d’achat de rente

« Jusqu’à présent, l’exercice 2014 s’est avéré moins remarquable en ce qui concerne les achats de rentes collectives que l’avaient prévu de nombreuses personnes», précise M. St-Germain.

« Nous croyons que cette situation tient en partie au fait que les promoteurs de régimes n’étaient pas prêts à agir rapidement au début de l’année et, plus récemment, au fait que le prix des rentes n’a pas été aussi avantageux qu’il aurait dû l’être. Toutefois, nous avons commencé à constater un redressement sur le marché des rentes, notamment des transactions importantes vers la fin du troisième trimestre. Tout comme en 2013, nous pourrions observer une augmentation considérable du nombre de transactions au quatrième trimestre, surtout si les assureurs revoient leurs prix afin d’atteindre leurs objectifs de vente. »

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