Les conseils offerts par les pharmaciens au Québec auraient une valeur de près de 500 M$ par année pour le système de santé, selon une nouvelle étude diffusée mercredi.

L’étude commandée par l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) révèle que dans 77 % des cas, les conseils donnés par les pharmaciens ont évité l’utilisation d’au moins une autre ressource du système de santé.

« Les coûts potentiels ainsi évités pour le système de santé sont de l’ordre de 707 $ par pharmacie communautaire par jour ouvrable, en se basant sur la moyenne des consultations réalisées par jour dans les pharmacies participantes (13 consultations).

Ces résultats indiquent que les pharmaciens communautaires sont bien outillés pour gérer la grande majorité des consultations initiées par les patients et qu’ils pourraient participer de manière plus systématique au triage en première ligne étant donné, d’une part, leurs compétences et, d’autre part, leur grande disponibilité », écrivent les chercheurs.

De plus, 26 % des patients qui ont consulté leur pharmacien ont évité de s’absenter du travail et 93 % des usagers ont fait part de leur satisfaction des services reçus.

« On a cherché à démontrer l’impact [de la consultation en pharmacie] sur les patients et il y a vraiment un impact majeur », confirme le président de l’AQPP, Jean Thiffault.

En effet, 89 % des patients interrogés ont estimé que leur consultation d’un pharmacien avait diminué leur niveau d’anxiété parce que leur problème avait été géré rapidement, ajoute-t-il, et 67 % ont fait état d’une amélioration de leur qualité de vie.

« C’est du concret ça. Quand on s’occupe d’un problème de santé rapidement, efficacement, ça a un impact majeur pour le patient. »

Depuis l’entrée en vigueur de la loi 41 il y a trois ans, les pharmaciens ont le droit de poser certains gestes traditionnellement réservés aux médecins. Ils peuvent notamment prescrire des médicaments pour une condition mineure (comme des allergies, des hémorroïdes ou une vaginite à levure), prescrire un médicament dans certaines situations où aucun diagnostic n’est requis (par exemple, un médicament contre la malaria si on prévoit se rendre dans un pays où la maladie est présente) ou prolonger l’ordonnance d’un médecin.

« Le pharmacien, évidemment, ce n’est pas un médecin. On ne pose pas de diagnostic. On parle de problèmes de santé mineurs, mais qui sont vraiment concrets pour les patients. Le pharmacien est aussi formé pour détecter les signaux d’alarme. Donc s’il y a un problème qui ne semble pas mineur, le pharmacien va référer à un médecin ou à un service d’urgence », indique M. Thiffault, qui précise que de toutes les consultations, seuls 14 % des patients sont redirigés vers un autre professionnel de la santé, selon l’étude.

Le président de l’AQPP aimerait voir le rôle des pharmaciens s’élargir encore, par exemple en leur permettant de donner des vaccins.

Un échantillon de 19 pharmacies communautaires situées dans 11 régions et totalisant 95 pharmaciens ont pris part à l’étude qualifiée d’indépendante qui a été réalisée conjointement par des chercheurs du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) et de HEC Montréal. Près de 8000 consultations ont été enregistrées dans le cadre de l’étude.