Les représentants des entreprises se montrent satisfaits du budget Leitao, compte tenu de la marge de manœuvre limitée dont disposait le gouvernement du Québec, selon eux.

« Malgré des moyens encore limités du gouvernement, on voit que c’est un budget « manufacturier ». Il y a entre autres pour l’innovation près de 400 millions $ pour nous là-dedans pour des projets d’automatisation, de robotisation, de numérisation. Ça, ça urge », s’est exclamé au cours d’une entrevue le président des Manufacturiers et exportateurs du Québec, Éric Tétrault.

Il rappelle qu’avec les différents accords touchant la libéralisation des échanges, les entreprises ont intérêt à être plus productives et avaient besoin d’un coup de pouce à ce chapitre.

« Le gouvernement nous a entendus, mais les moyens sont encore limités », a laissé tomber en entrevue Françoise Bertrand, de la Fédération des Chambres de commerce du Québec.

Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du Conseil du patronat du Québec, se réjouit aussi du fait que les entreprises seront en mesure de voir à plus long terme. « C’est assez exceptionnel, on n’a jamais vu ça au Québec: une prévision de budget pour les cinq prochaines années », a-t-il dit.

Bien que le gouvernement ne disposait pas d’une marge de manœuvre extraordinaire pour investir dans les nouvelles initiatives, « il le fait cependant et il le fait dans l’éducation, l’innovation, l’exportation; il le fait dans plusieurs domaines, mais ces mesures sont réparties dans le temps, parce que la marge de manœuvre est faible », a justifié M. Dorval. Il apprécie tout de même cette modération et cette prudence.

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Du côté de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, qui représente des petites et moyennes entreprises, la vice-présidente principale, Martine Hébert, s’est réjouie du fait que Québec n’ait pas privilégié que certaines entreprises avec ses mesures.

« On a toujours préféré des mesures d’intérêt général à des mesures ciblées. Les crédits d’impôt, les subventions, par exemple, ce sont toujours des mesures qui s’adressent à certaines entreprises avec certaines caractéristiques pour faire certaines choses, alors que les allègements fiscaux bénéficient à l’ensemble des entreprises, qui peuvent, après, décider elles-mêmes où elles vont investir », a relevé Mme Hébert.

Déception chez les syndicats

De leur côté, les syndicats estiment que les réinvestissements promis dans les services publics sont trop timides et que même le coup de fouet requis à l’économie n’est pas au rendez-vous.

À leur avis, les réinvestissements en éducation sont trop faibles, puisque la hausse de 3 % du financement n’égale à peu près que l’augmentation normale des coûts du système.

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Et dans la santé, il faudra même s’attendre à d’autres compressions, selon les dirigeants syndicaux interviewés, parce que l’augmentation prévue du budget de 2,4 % équivaut à environ la moitié de la hausse normale des dépenses de programmes.

« 2,4 %, ce n’est pas un investissement dans la santé. Ces dernières années, ce sont des coupures qu’il y a eues dans le réseau de la santé », s’est exclamée Régine Laurent, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ).

À la CSN aussi, c’est la désillusion. « On a derrière nous des compressions budgétaires importantes qui se font encore sentir. Est-ce qu’on va remettre à flot le niveau de services? Je ne le crois pas », a conclu le président, Jacques Létourneau.

Il se dit d’autant plus déçu que, selon lui, le gouvernement disposait d’une certaine marge de manœuvre.

« C’est un gouvernement qui avait les moyens de donner un électrochoc à l’activité économique » et qui ne l’a pas suffisamment fait, a encore critiqué M. Létourneau.

Le président de la FTQ, Daniel Boyer, trouve aussi ce budget trop timoré au plan de la relance économique.

« On aurait souhaité quelque chose avec plus d’envergure pour relancer l’ emploi, l’économie. On le dit depuis un certain temps: il faut que le Québec se dote d’une véritable politique industrielle digne du 21e siècle. Oui, il faut aider nos entreprises, mais il faut qu’il y ait des obligations qui viennent avec, des obligations en innovation, en amélioration de productivité et surtout en création d’emplois », a lancé M. Boyer.

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