Les investissements de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans les énergies fossiles ont grimpé pour atteindre 16,7 milliards de dollars l’an dernier, d’après une étude réalisée par l’organisme Recycle ta caisse.

Selon le rapport de 17 pages publié mercredi, la valeur des investissements dans le pétrole, le gaz naturel ainsi que le charbon a grimpé de 4,5 G$ de 2015 à 2016. Ainsi, l’an dernier, les investissements dans les hydrocarbures représentaient 6,2 % de l’actif net de 270,7 G$ du bas de laine des Québécois, avance l’organisme.

Selon son porte-parole, Sébastien Collard, à moyen et long terme, il est « impossible » pour le gestionnaire québécois de régimes de retraite de réaliser des rendements avec ces placements sans miser contre l’Accord de Paris sur le climat.

« Si nous réduisons nos émissions de gaz à effet de serre, on aura une baisse du prix des ressources et une baisse du prix des actions suivra, explique-t-il, au cours d’un entretien téléphonique. La Caisse ne pourra réaliser les rendements nécessaires. »

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La Caisse a indiqué qu’elle continuait d’analyser le rapport, mais un porte-parole, Jean-Benoît Houde, a tempéré l’analyse de l’organisme.

« La grande majorité de nos investissements dans les énergies renouvelables se font par l’entremise de placements privés qui représentent plusieurs milliards de dollars qui ne sont pas investis sur les marchés boursiers », a-t-il dit.

M. Houde a donné l’exemple de London Array, le plus grand parc éolien en mer du monde, dans lequel la Caisse a une participation importante.

L’an dernier, l’investisseur institutionnel avait dégagé un rendement de 7,6 %, soit 18,4 G$, une performance qui lui avait permis de surpasser son indice de référence, fixé à 5,8 %.

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Recycle ta caisse, constitué de bénévoles et appuyé par la Fondation David Suzuki et Greenpeace, a rédigé son rapport en décortiquant le rapport annuel de l’institution québécoise. Il espère que son analyse fera grimper la pression sur la Caisse afin qu’elle emboîte le pas à d’autres grands investisseurs institutionnels et s’éloigne rapidement des énergies fossiles.

Dans un contexte où de plus en plus de politiques publiques visent à limiter les impacts des changements climatiques, il est illogique pour la Caisse de continuer à agir de la sorte, estime M. Collard.

« J’ai beaucoup de respect pour Michael Sabia (le grand patron de la Caisse) et j’adhère à sa stratégie de placement qui consiste à éviter les risques et d’investir dans des secteurs où l’on peut réaliser des rendements à long terme. Par définition, cette stratégie ne fonctionne plus avec les énergies fossiles. »

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