La rumeur s’est avérée. Comme nombre de commentateurs le prédisaient depuis plusieurs semaines, la Banque du Canada a bel et bien relevé son taux directeur mercredi pour le monter à 0,75 %. Une première augmentation en sept ans, alors même que le taux avait été revu à la baisse par deux fois en 2015.

« L’heure est venue, indique Jimmy Jean, économiste principal chez Desjardins. L’économie a fait ses preuves. Il y a un momentum. Le marché de l’emploi va bien notamment puisque neuf des dix derniers mois ont été positifs en terme de création d’emplois. Et puis, il reste que les taux sont extrêmement faibles. Même avec une deuxième hausse cette année, il plafonnera à 1 %. C’est un niveau qui avait été critiqué par le passé comme étant trop faible et favorisant une bulle immobilière. »

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Cette décision de la BdC risque cependant de faire grimper les coûts des hypothèques à taux variables, les marges de crédit hypothécaires et d’autres prêts liés aux taux préférentiels des grandes banques.

Quatre grandes institutions financières ont d’ailleurs annoncé mercredi une hausse de 25 points de base de leur taux préférentiel. La Banque Royale, la Banque de Montréal, la Banque TD et le Mouvement Desjardins feront ainsi passer leur taux préférentiel de 2,70 % à 2,95 % à compter de jeudi.

Jimmy Jean ne croit pourtant pas que cela mettra en difficulté les propriétaires ayant une hypothèque à rembourser. Il estime en effet que cette hausse avait été anticipée depuis plusieurs mois et que les premiers acheteurs devaient au moins depuis l’automne dernier être capables de se qualifier pour l’obtention d’un crédit hypothécaire à des taux plus élevés.

« En revanche, la fête est finie, lance-t-il. Les taux ont été historiquement bas pendant de longs mois, c’était très alléchant pour les acheteurs mais pas forcément très sain. On a vu ce qui s’est passé sur les marchés immobiliers de Vancouver et de Toronto avec des augmentations de prix telles qu’il y a risque d’effondrement. La hausse du taux va sans doute faire en sorte d’éviter qu’une telle situation s’en vienne à Montréal par exemple. »

Jimmy Jean ne nie cependant pas que cette hausse soit un véritable événement dans le petit monde de la finance canadienne. Il souligne par exemple que certains de ses plus jeunes collègues n’ont jamais vécu de changement de taux.

La plupart des économistes anticipent une deuxième remontée à l’automne, ce qui amènerait le taux directeur à 1 %, soit son niveau de 2015.

Ce texte a initialement été publié par notre magazine sœur Conseiller. Pour lire la suite, c’est par ici.

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