Plus les conditions de travail se détériorent dans une entreprise, plus le tabagisme gagne du terrain chez les employés, révèle une étude française.

Selon ce rapport commandé par le Ministère du travail de France, « la consommation de tabac augmente en présence de risques physiques ou psychosociaux importants en entreprise », rapporte Le Figaro. Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs ont étudié la consommation de tabac et les conditions de travail de 11 000 personnes entre 2006 et 2010.

Trois principaux coupables ont été identifiés : l’insécurité de l’emploi, la pression de l’employeur et la manipulation d’objets lourds. L’insécurité de l’emploi à elle seule multiplierait par trois le nombre de cigarettes fumées quotidiennement par les travailleurs.

Le tabagisme lié aux types d’emploi

Cela dit, toutes les catégories d’emploi ne sont pas touchées également par ce phénomène. Ainsi, un tiers des hommes ouvriers ou employés (33 %) fument alors que seulement un cinquième des cadres et professionnels (22 %) sont touchés par ce fléau. La tendance est moins marquée chez les femmes, alors que 23 % d’entre elles fument lorsqu’elles sont ouvrières ou employées, contre 21 % quand elles occupent un poste de cadre.

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Le chômage est également un vecteur important du tabagisme : un homme sur quatre affirme fumer davantage depuis qu’il est en processus de recherche d’emploi.

La drogue du pauvre

En général, les employés se tournent vers la cigarette quand ils se sentent déconsidérés ou sur la sellette au sein de leur entreprise, explique Bernard Salngro, médecin du travail, syndicaliste et auteur de plusieurs ouvrages sur le stress au travail. « Ces résultants ne sont pas du tout étonnants. La nicotine procure du plaisir, une sensation de détente, de stimulation intellectuelle, mais également une action anxiolytique, antidépressive et coupe-faim. »

Il souligne également que le chômage est souvent vécu comme une perte d’identité, et le tabac n’est que l’une des graves conséquences qu’il entraîne sur la santé des travailleurs.

« De manière générale, la cigarette est la drogue du pauvre. Elle est davantage présente dans les milieux populaires où les messages sanitaires ont du mal à passer. Qui dit cadre, dit longues études et peut-être une sensibilisation plus efficace à ces questions », ajoute le médecin.

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