Les pharmaciens sont-ils la clé pour améliorer l’accès aux soins dans la province? C’est en tout cas l’avis de l’Institut économique de Montréal (IEDM), qui incite le gouvernement à aller plus loin dans ses réformes visant à accroître le rôle des pharmaciens.

Selon un rapport récent du Commissaire à la santé et au bien-être, plus de 60 % des visites à l’urgence des hôpitaux concernent des conditions de santé mineures qui pourraient être mieux soignées ailleurs. Or, selon l’IEDM, les pharmaciens sont en bonne position pour prendre en charge plusieurs patients aux prises avec des affections mineures en raison de leur plus grande accessibilité, en particulier les soirs et les fins de semaine.

Pourtant, en vertu du projet de loi 28 récemment adopté, le gouvernement n’entend rémunérer que trois des sept nouveaux actes pharmaceutiques qu’il autorise en théorie depuis 2011 avec l’adoption du projet de loi 41.

Ces nouveaux services pharmaceutiques concernent notamment la prolongation ou l’ajustement d’une ordonnance, la substitution d’un médicament en cas de pénurie et la prescription d’un médicament pour certaines affections mineures. Ces services ne sont toujours pas offerts en raison de l’achoppement des négociations sur leur rémunération entre les différentes parties prenantes.

Selon l’économiste Yanick Labrie, auteur de l’étude de l’IEDM, peu importe l’issue des négociations qui se poursuivent, la réforme est insuffisante et pourrait rater son principal objectif, soit celui d’améliorer l’accès aux soins de première ligne pour les patients.

« Il est clair que la décision du gouvernement de ne pas rémunérer certains des nouveaux actes professionnels autorisés et d’interdire aux pharmaciens d’exiger un tarif pour ces mêmes actes risque de décourager l’offre de ces services. D’autres provinces et pays sont allés nettement plus loin et mettent les pharmaciens à contribution d’une façon beaucoup plus ambitieuse dans leur système de santé, avec des résultats positifs. »

L’étude rapporte que dans la vaste majorité des autres provinces canadiennes, les pharmaciens ont non seulement l’autorisation de prescrire des médicaments pour traiter des conditions mineures et de renouveler des ordonnances, mais peuvent aussi offrir des services de révision et de gestion de la médication et mettre en place des cliniques de vaccination, lesquels sont couverts par le régime public.

En Ontario, en Alberta et en Saskatchewan, par exemple, où de tels services existent déjà depuis un certain nombre d’années, des études ont montré un très haut niveau de satisfaction de la clientèle, tant au chapitre de l’amélioration des conditions de santé qu’à l’égard de la qualité des services reçus du pharmacien.

D’autres pays, comme le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis, donnent également l’autorisation aux pharmaciens de prescrire des médicaments et de renouveler des ordonnances.

« Les pharmaciens sont les professionnels de la santé les plus accessibles à la population. La littérature scientifique laisse peu de doute sur les avantages que peut amener l’élargissement de leur rôle au sein du système de santé. Des responsabilités accrues conférées aux pharmaciens sont susceptibles d’améliorer grandement l’accès aux soins pour les patients et de dégager des économies, ce dont le réseau public de santé a grandement besoin », conclut Yanick Labrie.

À lire : Des défis à partager pour aider les personnes atteintes du cancer