Alors que les employeurs sont de plus en plus nombreux à offrir des programmes d’aide aux employés (PAE), le mécontentement des psychologues envers les fournisseurs de ces programmes gagne du terrain.

En effet, bon nombre de psychologues se disent insatisfaits de leur collaboration avec les PAE, selon un sondage en ligne mené par l’Association des psychologues du Québec (APQ). Les quelque 541 psychologues interrogés estiment que les conditions « se dégradent sérieusement » depuis quelques années.

Ils critiquent notamment « les honoraires ridiculement bas, le non-respect du jugement du clinicien, l’ingérence dans le plan de traitement et le diagnostic, l’impossibilité de charger la différence entre les honoraires payés par le PAE et le tarif habituel, les tracasseries administratives ainsi que l’interdiction de poursuivre la démarche avec le client après le court services PAE ».

Morneau Shepell fait mauvaise figure

Parmi la dizaine de fournisseurs de PAE évalués par les répondants, c’est Morneau Shepell qui affiche le plus haut degré d’insatisfaction générale (47,7 %), loin devant Optima Santé Globale (32,78 %) et Homewood Solutions Humaines (32,42 %). En fait, Morneau Shepell obtient les pires scores dans chacune des neuf catégories du palmarès.

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Cress PAE et Ceridian sont les firmes qui s’en tirent le mieux, avec des niveaux d’insatisfaction de respectivement 15,07 % et 20,93 %.

« Ce qui est le plus inquiétant dans ce palmarès, c’est que la firme qui est de loin la moins appréciée des psychologues, Morneau Shepell, est aussi celle qui voit le plus grossir son volume d’affaire d’année en année. Cette firme a beaucoup de travail à faire pour reconquérir le cœur des psychologues », note l’APQ.

Rappelons qu’au cours de la dernière année, Morneau Shepell a fait l’acquisition de trois fournisseurs québécois de PAE : Solareh, Longpré et Groupe Pro Santé.

« Ce n’est pas une bonne nouvelle de voir ce joueur prendre de plus en plus d’importance sur le marché́ québécois des PAE. Ses acquisitions récentes ne sont pas sans générer des inquiétudes auprès des psychologues », indique l’APQ.

Morneau Shepell se défend

Contactée par Avantages, Morneau Shepell a expliqué prendre les résultats du sondage au sérieux. « Nous allons contacter l’APQ pour entendre leurs préoccupations et collaborer davantage pour améliorer les relations. »

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Concernant la question des honoraires, la firme assure que ses tarifs sont compétitifs avec ceux du marché, mais reconnaît que sa structure de frais est différente de celle qui prévaut lorsqu’un client achète directement des services auprès d’un psychologue. « Pour les psychologues qui travaillent avec Morneau Shepell, les honoraires sont ajustés car nous couvrons certains des coûts d’exploitation typiquement associés au fait de posséder un cabinet privé, comme le soutien d’urgence 24/7 pour les clients. »

La firme de services-conseils ajoute toutefois que le palmarès de l’APQ « ne reflète pas fidèlement le haut niveau de satisfaction » de sa clientèle. Plus de 95 % des personnes qui ont participé au programme de counseling du PAE ont déclaré avoir atteint leurs objectifs, et 95 % des clients ont indiqué qu’ils utiliseraient de nouveau le PAE. »

Morneau Shepell se dit d’accord avec les réponses sur la nature à court terme des PAE. « Nous sommes aussi d’accord que les enjeux de santé mentale plus complexes et graves nécessitent une approche clinique plus complète et à long terme. »

Évaluer l’efficacité des PAE

L’APQ invite les employeurs de la province à examiner de près la rentabilité des PAE et les prévient que « la logique du plus bas soumissionnaire n’est pas forcément la plus rentable pour le bien-être des employés. Pour ce faire, les promoteurs devraient se donner des indicateurs d’efficacité, comme le nombre et la durée des congés de maladie prolongés, les taux d’absentéisme et de présentéisme, le taux de roulement du personnel ou encore la gestion efficace des problèmes de harcèlement moral.

« Il s’agit d’un premier palmarès de ce genre qui deviendra un rendez-vous annuel pour tous ceux et celles qui ont à cœur les conditions d’exercice des psychologues et les services psychologiques de qualité, soutient l’APQ. Nous souhaitons que la population et les employeurs réagissent afin d’éviter que les programmes d’aide aux employés se retrouvent sans psychologues. »

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