Bernard Morency est premier vice-président, déposants, stratégie et chef des opérations, Caisse de dépôt et placement du Québec

Le principal défi pour les systèmes de retraite, qu’il s’agisse du québécois, du canadien ou de celui de bien des pays du monde, est de s’adapter aux nouvelles réalités économiques et démographiques, tranche Bernard Morency. « Au Québec, on a un système qui nous a très bien servis depuis cinquante ans, qui se classe très bien sur le plan mondial. Mais c’est un système qui peine à s’adapter. À l’intérieur de la population, la définition de la retraite a changé mais le système tarde à intégrer cette évolution », explique-t-il. Or, il note qu’un sain débat autour des solutions s’est amorcée dans la province.

Avec une carrière d’une quarantaine d’années, dont la majorité passée en consultation chez Mercer, où il a notamment été responsable de toute la pratique en avantages sociaux sur le plan mondial pendant plusieurs années, M. Morency s’appuie sur une grande expérience pour commenter l’actualité québécoise en matière d’avantages sociaux. À la Caisse de dépôt et placement depuis maintenant sept ans, il affirme que le grand changement est venu d’une « augmentation importante quant à la sophistication et la spécialisation des intervenants » du secteur. « Si on parle de placements, le portefeuille typique d’une caisse de retraite est aujourd’hui très diversifié, et ce, sur le plan des catégories d’actifs, des produits utilisés et des stratégies d’investissement, explique-t-il. Quant aux risques, à l’heure actuelle, ils font partie intégrante de la prise de décisions, alors qu’auparavant ce n’était pas aussi bien articulé. »

Ce raffinement relève en partie d’une plus grande importance des régimes de retraite pour les employeurs, ainsi que la société en général. « Quant on parle de l’épargne-retraite au sens large – de caisses, de la Régie des rentes, des REER personnels, etc. –, les sommes en jeu sont aujourd’hui énormes, dit-il. Le vieillissement de la population rend aussi la nécessité de bien gérer les régimes encore plus criante. » M. Morency note alors l’importance de miser sur les forces du système actuel. « S’il fonctionne bien grâce au partage des responsabilités, il faut que chacun – État, employeurs et individus – continue à assumer sa part. Maintenant on a tendance à repousser sur les autres. Or, le système à trois piliers ne marchera pas s’il n’y en a qu’un ou deux qui fonctionnent. »

<<<<Page précédente Page suivante>>>>

Retour au début