Les avancées technologiques ont toujours fait des gagnants et des perdants dans le monde du travail. Déjà bien enclenchée, la révolution de la robotique et de l’intelligence artificielle ne fera pas exception à la règle.

Qui seront les grands perdants cette fois-ci? Les travailleurs de la classe moyenne occupant des postes « routiniers », selon Henry Siu, professeur associé à la Vancouver School of Economics de l’Université de la Colombie-Britannique. « Les emplois qui consistent essentiellement à effectuer des tâches répétitives et à suivre des instructions sont en train de disparaître », a-t-il indiqué lors d’un panel organisé dans le cadre de la Conférence de Montréal.

Cette menace de l’automatisation pèse évidemment sur les employés d’entreprises manufacturières travaillant sur les chaînes de production, mais également sur une foule de postes de soutien administratif dans les bureaux. Dans les deux cas, il s’agit d’emplois occupés majoritairement par la classe moyenne.

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« Cette nouvelle réalité dans le monde du travail va changer la nature des crises et des booms économiques. Les emplois « routiniers » qui vont disparaître lors de la prochaine crise ne seront pas recréés par après. Cela va complètement changer les perspectives de reprise économique », explique M. Siu.

Vers des emplois plus « complexes »

La robotisation et l’automatisation ne pousseront cependant pas l’humanité au chômage. Selon Henry Siu, de nouveaux emplois aux tâches plus complexes seront créés. « Ils feront appel à des compétences plus humaines et liées à l’intelligence sociale, comme la curiosité, la créativité et la communication », dit-il.

Les travailleurs qui réussiront à tirer leur épingle du jeu dans ce contexte seront plus éduqués et auront une grande capacité d’adaptation. Les femmes pourraient d’ailleurs être avantagés dans ce nouveau paradigme de l’emploi, car les aptitudes sociales et humaines qui seront très recherchées par les entreprises sont généralement associées à elles.

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Repenser les systèmes d’éducation

Le problème, c’est que les systèmes d’éducation ne sont pas prêts pour cette révolution du marché de l’emploi. « Les universités préparent les étudiants à occuper des emplois du 20e siècle », déplore Sebastian Siseles, directeur, division internationale à Freelancer.com, une plateforme en ligne permettant aux employeurs de trouver des pigistes en fonction de leurs besoins.

Résultat, les entreprises sont incapables de combler leurs besoins de main-d’œuvre spécialisée, car elle est très rare sur le marché. Pour mieux aligner les cursus scolaires avec les besoins sur le marché du travail, Henry Siu propose de mettre l’accent sur l’analyse et l’application des notions plutôt que sur les procédures, qui seront de toute façon automatisées.

« Dans le cas des mathématiques par exemple, il faudrait passer plus de temps à appliquer le résultat d’une division à une situation réelle plutôt qu’à apprendre comment faire le calcul. Il faut que les jeunes développent le goût de comprendre les choses, pas de suivre des instructions », souligne-t-il.

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