Pour faire face aux défis qui s’annoncent en terme d’augmentation des coûts des soins de santé, les organisations doivent développer une approche globale et intégrée en gestion de la santé pour leurs employés, a plaidé Christiane Legault, conseillère principale, Stratégies et solutions santé chez Aon Hewitt lors d’un forum sur la santé présenté la semaine dernière à Montréal.

On peut comparer la santé des employés à une longue rivière. En aval, où l’eau est calme, les employés sont en santé, mais les cascades, puis les rapides, peuvent entraîner certains d’entre eux dans les chutes. « Après une période de rétablissement plus ou moins longue, les employés reviennent au point de départ, en haut des chutes. On doit éviter qu’ils ne tombent à l’eau à nouveau. Le temps fait en sorte que les petits problèmes dégénèrent et se transforment en invalidité, ce qui coûte très cher », explique-t-elle.

Prévenir plutôt que guérir

Investir dans la phase pré-réclamation (identification du risque et intervention précoce), plutôt que post-réclamation, peut être une bonne solution pour éviter ces situations. « On veut amener les employés sur la voie de la santé, mais pour ce faire, on doit adopter une approche globale. On ne peut pas segmenter la santé. Toutes les organisations ont différents programmes liés à la santé (santé et sécurité, gestion des absences, avantages sociaux et mieux-être, etc.). Ils sont la plupart du temps gérés en silo par des équipes qui ne se parlent pas trop et qui disposent de budgets séparés », déplore Christiane Legault qui prône plutôt une mise en commun de ces efforts, ou autrement dit, une intégration des programmes.

Dans cette optique, à l’image des magasins à grande surface qui réunissent épicerie, pharmacie, vêtements et bien d’autres articles sous un même toit, elle croit que les employeurs doivent améliorer l’expérience de leurs employés en créant un guichet unique regroupant l’intégralité des programmes et des renseignements de l’organisation concernant les soins de santé. « On doit améliorer leur expérience de consommateur dans le système de santé, qui est devenu très complexe. Les gens ne savent pas comment s’y orienter, ce qui mène à une sous-utilisation des outils fournis », mentionne-t-elle.

Manque d’information, vraiment?

Les moyens de communication traditionnels, comme les courriels, les affiches ou les infolettres seraient quant à eux tout simplement insuffisants. « Le problème, ce n’est pas que les employés manquent d’information, c’est qu’ils jugent mal leur état de santé », note Christiane Legault. En effet, selon un sondage réalisé par Aon Hewitt en 2014, 59 % des employés ayant indiqué être en bonne santé souffraient en réalité d’embonpoint ou d’obésité.

Pour amener les employés sur le chemin de la santé, Mme Legault insiste sur l’importance d’une participation massive aux activités de santé, comme les questionnaires sur les risques pour la santé, le dépistage biométrique ou encore les cours sur la modification du style de vie. « On peut mettre en place des incitatifs pour les employés qui participent, ou au contraire, des sanctions se matérialisant sous forme de primes plus élevées pour les employés qui ne participent pas, ce que l’on voit de plus en plus aux États-Unis. L’important, c’est d’investir dans une nouvelle voie, la voie de la santé. »

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