Les quatre principales associations patronales du Québec (Conseil du patronat du Québec, Fédération des chambres de commerce du Québec, Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, Manufacturiers et exportateurs du Québec) rejettent les conclusions de l’Enquête québécoise sur les conditions de travail, d’emploi et de santé et sécurité du travail (EQCOTESST), réalisée à la demande du ministère du Travail et rendue publique par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail. Elles jugent, en effet, que plusieurs des interprétations proposées par les chercheurs de l’étude s’avèrent biaisées et soulèvent donc de sérieuses questions quant à sa valeur scientifique.

Les associations patronales estiment tout à fait louable que le ministère du Travail recueille des données à jour sur les conditions de travail de la population afin d’élaborer des politiques qui tiennent compte des réalités du marché du travail. Encore faut-il cependant que les conclusions tirées de ces données soient valables et constituent le fruit d’une démarche scientifique sérieuse, rigoureuse et impartiale, ce qui est très loin d’être le cas de l’EQCOTESST. Les constats généraux de l’étude présentent en effet des lacunes suffisamment importantes pour semer un doute quant à la fiabilité scientifique de l’ensemble du document.

Bien que la méthodologie employée pour réaliser le sondage à la base de l’EQCOTESST semble avoir été appliquée rigoureusement et corresponde aux normes et aux standards de ce type d’enquête, les associations patronales constatent que l’étude est essentiellement une enquête de perceptions menée uniquement auprès des travailleurs, et non pas une analyse de données objectives et de faits établis qui, pour dresser un portrait complet de la situation, tiendrait compte du point de vue des employeurs et des médecins.

Les auteurs de l’étude eux-mêmes en précisent très clairement les limites. À titre d’exemple, ils soulignent que : « le caractère transversal de l’étude ne permet pas d’établir des liens de cause à effet entre l’exposition aux contraintes physiques et organisationnelles et leurs relations avec la perception de l’état de santé mentale. » Pourtant, ces mêmes auteurs n’hésitent pas à tirer des conclusions basées sur des relations de causalité hasardeuses.

Non seulement les conclusions de l’étude sont-elles grandement discutables, mais elles ne reprennent aucunement de nombreux éléments positifs, connus et factuels, comme la réduction de 65 % du nombre de décès causés par des accidents du travail au cours des dix dernières années. On ne nous fera pas croire qu’il peut y avoir de la sous-déclaration de décès dus à des accidents du travail. De plus, même les éléments positifs portant sur les conditions de travail identifiés par les auteurs ne sont pas repris dans leurs conclusions.

Enfin, les associations patronales se désolent que cette étude – financée à raison de plusieurs centaines de milliers de dollars par les contributions des employeurs à la CSST ainsi que par les fonds publics – nuise de façon aussi marquée à la perception que les Québécois sont susceptibles d’avoir des conditions de travail existantes au Québec. Toutes les études démontrent pourtant que le Québec dispose d’un système des plus généreux qui se compare très avantageusement à celui de toutes les provinces canadiennes ainsi que de l’ensemble des États en Amérique du Nord.