Le gouvernement Couillard a présenté jeudi un budget prudent, peu spectaculaire, sans mauvaises nouvelles pour les contribuables, mais sans prolifération de bonnes nouvelles non plus, malgré deux années budgétaires difficiles marquées par d’importantes compressions imposées à tout l’appareil de l’État.

Le budget 2016-2017, déposé par le ministre des Finances, Carlos Leitão, sera équilibré, donc sans déficit, et sans hausses de taxes ni d’impôts, mais aussi sans diminution notable du fardeau fiscal des contribuables.

Les surplus engrangés grâce à un contrôle extrêmement serré des dépenses et de multiples coupes depuis 2014 iront principalement au remboursement de la dette, par une contribution de 2 milliards de dollars au Fonds des générations.

Car la réduction de la dette est une priorité incontournable, a rappelé le ministre des Finances, en point de presse. Au prix d’efforts supplémentaires à venir, le poids de la dette brute du Québec par rapport au PIB devra passer de 55 % en 2016 à 45 % en 2026.

Croissance économique faible
Le gouvernement s’était engagé à consacrer la moitié d’éventuels surplus à la dette et l’autre moitié à des baisses d’impôts.

Le gouvernement Couillard s’était aussi fait élire en 2014 en promettant d’être celui de l’économie, en s’engageant à créer 250 000 emplois durant le mandat. Le budget, qui compte plusieurs centaines de pages, consacre un paragraphe pour affirmer que les diverses mesures qu’il contient devraient contribuer à créer ou maintenir 25 000 emplois cette année.

Québec anticipe une croissance économique faible, de 1,5 % en 2016 et de 1,6 % en 2017. La faiblesse du dollar canadien devrait continuer à favoriser les exportateurs québécois, a commenté le ministre.

Pas de grande réforme fiscale
Le budget ne dit mot sur la grande réforme fiscale que le gouvernement s’était engagé à adopter, et qui devait se traduire par une hausse de la taxe de vente compensée par des baisses d’impôts. Pas de consensus, pas de réforme, a dit le ministre à ce propos.

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Leitao a reconnu que la fiscalité québécoise « était plus lourde qu’ailleurs », et qu’il nourrissait toujours l’« espoir » de réduire un jour ce fardeau accru sur les épaules des contribuables.

En comparaison avec les deux premières années de son mandat, le gouvernement compte se serrer un peu moins la ceinture, mais continuera à se montrer très vigilant sur le plan des dépenses, au point d’ouvrir la porte à de nouvelles compressions.

Les dépenses de programmes seront légèrement en hausse, passant de 1,7 % de croissance, en 2015-2016, à 2,7 % en 2016-2017.

Au niveau du crédit d’impôt pour travailleur d’expérience, l’âge d’admissibilité sera baissé à 62 ans à partir de 2018. Ce crédit peut atteindre 602 $.

Taxe santé
Les contribuables trouveront un léger répit fiscal du côté de la taxe santé, créée en 2010. La taxe santé devait être éliminée progressivement à compter de l’an prochain, mais le gouvernement devance d’un an ce projet. Pour la majorité des citoyens, l’économie sera cependant modeste, soit de 25 $ cette année.

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Les investissements en infrastructures devraient atteindre 88 G$ au cours de la prochaine décennie, dont 9,6 G$ cette année. En priorité, les rénovations des écoles primaires et secondaires, en grand nombre vétustes, accapareront 700 M$ de cette somme, cette année.

Un nouveau crédit d’impôt de 20 % à la rénovation résidentielle « écoresponsable », Rénovert, remplacera le précédent, Logirénov.

Au total, les revenus anticipés cette année dans les coffres de l’État devraient atteindre 102 G$, en hausse de 3 %, tandis que les dépenses consolidées plafonneront à 100 G$, en hausse de 2,5 %.

« Nous avons remis la maison en ordre », a clamé fièrement le ministre Leitão.

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