Loin de se circonscrire à la maison, les effets de la violence conjugale se font lourdement sentir dans les milieux de travail et coûteraient près de 78 millions de dollars par an aux employeurs canadiens, selon une étude du Congrès du travail du Canada en collaboration avec la Faculté d’éducation de l’Université Western.

Un tiers des participants à l’étude réalisée auprès de 8 429 Canadiens, dont 78 % de femmes, ont déclaré avoir été victimes de violence perpétrée par leur partenaire (37,6 % chez les femmes et 17,4 % chez les hommes). De ce nombre, 82 % ont déclaré que la violence avait nui à leur rendement professionnel, le plus souvent sous forme de manque de concentration ou de sensation de fatigue. Presque 40 % ont indiqué que la violence conjugale les avait empêchés d’aller travailler, ce qui a entrainé la perte d’emploi de 8,5 % des victimes.

Dans 54 % des cas, les actes de violence conjugale se sont poursuivis sur le lieu de travail ou à proximité, par le biais de harcèlement au téléphone, de courriels ou encore d’une visite de l’agresseur. Très souvent, les collègues aussi en subissent les répercussions.

Une autre étude réalisée en 2011 par le Vermont Council on Domestic Violence avait démontré que les agresseurs vivent eux aussi des conséquences négatives au travail. Près de 53 % d’entre eux avaient révélé que leur comportement avait nui à leur rendement professionnel, 75 % avaient du mal à se concentrer au travail et 19 % ont rapporté avoir causé ou presque causé des accidents sur leur lieu de travail en raison de leur comportement violent.

Le rôle de l’employeur

Au total, 28 % des participants ont déclaré avoir reçu de leur employeur des informations sur la violence conjugale. Cependant, seulement 10,6 % d’entre eux estiment que les employeurs sont conscients des répercussions de la violence conjugale sur les travailleurs.

« Il est important que les employeurs comprennent qu’ils peuvent et qu’ils doivent intervenir », a déclaré Julie White, directrice du Service de la condition féminine d’Unifor.

En fait, 75 % des personnes ayant répondu à l’enquête estiment que l’aide fournie par l’employeur sous forme de congés payés et de mise en place de politiques contre la violence conjugale peut réduire les répercussions sur la vie professionnelle des travailleurs.

Parmi les solutions proposées par l’étude figurent la modification des normes d’emploi fédérales et provinciales permettant aux travailleurs de demander des aménagements de travail flexibles et des congés spéciaux, de même que l’éducation des gestionnaires et le développement de protocoles conçus pour aider les victimes et intervenir auprès des agresseurs.

Le rapport note par ailleurs que l’Ontario et le Manitoba ont déjà modifié leur législation sur la santé et sécurité pour responsabiliser de manière positive les employeurs au regard de la protection des travailleurs contre la violence conjugale. Le gouvernement du Manitoba a aussi lancé une trousse d’information sur la violence conjugale conçue pour aider les employeurs à faire face à cette problématique.

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