Simeon Goldstein, rédacteur en chef, Avantages

Cette année, Avantages fête ses 30 ans.

Le secteur que nous servons, celui de la retraite et de l’assurance collective au Québec, a certes beaucoup changé au cours des trois dernières décennies.

On pense bien sûr aux transformations technologiques qui ont bouleversé la société. C’est d’ailleurs un sujet abordé dans la première édition de notre nouvelle série « Les Trentenaires », qui réunira des vétérans ayant 30 ans d’expérience et des jeunes recrues âgés de 30 ans.

Comme il se doit, la métamorphose de l’industrie des avantages sociaux est allée de pair avec l’évolution du monde du travail. Personne ne s’étonne aujourd’hui de côtoyer jusqu’à quatre générations dans un même bassin d’employés, chacune avec des attentes et perspectives différentes. Ce n’est pas nouveau, diront certains. Peut-être. Mais ce qui a changé, c’est qu’on semble maintenant accorder plus d’énergie à reconnaître, voire carrément encourager cette diversité plutôt qu’à viser un seul type d’employé modèle.

Un enjeu important, qui se manifeste aussi dans les discussions sur le stress ou le mieux-être, est le fameux équilibre travail-famille. À ce titre, je suis récemment tombé sur une chronique d’une sociologue américaine spécialisée dans les environnements professionnels qui m’a particulièrement fasciné. Lorsqu’on lui a demandé si elle croyait que le concept d’équilibre travail-famille était mort, Tracy Brower a répondu : « J’espère que oui! »

C’est une affirmation qui semble aller à l’encontre du consensus actuel. Mais le fond de sa pensée n’est ni qu’il faut rejeter l’un ou l’autre des composants ni que c’est un objectif inatteignable. C’est surtout le choix de mots qui la dérange.

Primo, on crée une fausse dichotomie en mettant en opposition deux éléments qui sont, qu’on le veuille ou non, essentiels à la vie de l’immense majorité des gens. Quand on sépare le travail de sa vie privée, il devient plus difficile de voir les liens entre les deux qui contribuent aux accomplissements.

Deuxio, personne ne veut être en déséquilibre, cela suggère une situation précaire. Et, reconnaissons-le, il est presque impossible que nos responsabilités professionnelles et personnelles puissent être toujours en parfaite harmonie. Il y a souvent quelque chose qui prend le dessus, d’un bord ou de l’autre, et c’est normal.

La question se pose : l’équilibre travail-famille sert-il de prétexte pour donner plus de place à sa vie privée? Possiblement.

Et cela cause des maux de tête chez les employeurs. Dans le cas du télétravail, par exemple, plusieurs entreprises hésitent à faire le saut car elles craignent de payer leurs employés pour rester chez eux à ne rien faire.

Mais même pour l’individu, un déséquilibre permanent en faveur de la famille n’est pas nécessairement désirable non plus. C’est peut-être le signe qu’il y a quelque chose qui cloche sur le plan professionnel.

Ce n’est bien évidemment pas le seul critère, mais un travail qui nous comble est souvent un élément important d’une vie réussie. Tracy Brower estime qu’il faut viser plus large que l’équilibre travail-famille pour chercher ce qu’elle appelle le work-life fulfilment, soit l’accomplissement travail-vie personnelle. Il s’agit de passer moins de temps à s’inquiéter de l’équilibre pour se consacrer à s’épanouir tant au travail que dans sa vie privée.

À mon sens, cela résume très bien la contribution des avantages sociaux, tant aujourd’hui qu’il y a 30 ans.

Simeon Goldstein
Rédacteur en chef
simeon.goldstein@tc.tc