Avant la pandémie de ­COVID-19, les troubles de santé mentale représentaient déjà plus de 30 % des demandes de prestations d’invalidité au ­Canada. Le sujet étant abordé de plus en plus fréquemment en milieu de travail, la stigmatisation l’entourant semble s’estomper, heureusement. En outre, de plus en plus de gens considèrent que l’invalidité peut effectivement être de nature mentale.

Comme on le sait, la pandémie et les mesures de santé publique qui en ont découlé ont accentué les troubles de santé mentale. Les restrictions ayant pour la plupart disparu, de nombreuses personnes et organisations sont déjà passées à la prochaine étape : le retour au travail en présentiel, à temps plein ou en mode hybride. Et s’il est juste de dire que certains sont enthousiastes, soulagés et optimistes à l’idée de revoir leurs collègues en personne, les employeurs doivent tenir compte de ceux qui appréhendent davantage le retour au bureau et du soutien dont ils pourraient avoir besoin.

Dans le contexte de la pénurie de ­main-d’œuvre, force est d’admettre qu’il sera plus important que jamais pour les entreprises de favoriser un climat de travail sain et de garnir leur coffre d’outils et de solutions pour accompagner les employés et prévenir les départs en invalidité.

D’abord, la sensibilisation

Si le programme d’aide aux employés et à leur famille demeure une solution essentielle pour épauler ses employés dans les différents aléas de la vie, il reste que la communication, la prévention et l’intervention précoce continuent de faire partie des meilleures pratiques à adopter. Car même lorsque notre régime d’assurance collective contient une panoplie de ressources et d’options, si ces dernières ne sont pas présentées aux bonnes personnes et au bon moment, elles seront inefficaces.

L’éducation et la sensibilisation des employés sont utiles pour éviter que des problèmes mineurs ne se transforment en problèmes majeurs. Outiller les gestionnaires, et même les collègues, pour qu’ils agissent comme premiers répondants en matière de santé mentale devient un incontournable. Notre supérieur et nos collègues sont bien souvent les mieux placés pour reconnaître les signes ­avant-coureurs d’un problème de santé mentale, mais ils peuvent également nous sensibiliser et promouvoir l’utilisation des outils et programmes d’aide en santé mentale.

Miser sur l’autogestion grâce aux soins virtuels

Les soins virtuels occupent une place de plus en plus centrale et essentielle dans notre système de soins de santé et dans les régimes d’assurance modernes. Ils permettent une amélioration des connaissances sur la santé, une plus grande capacité à prendre soin de soi et une observation plus rigoureuse des traitements recommandés. Un régime d’assurance moderne, comprenant des solutions axées sur la technologie, aide à répondre aux besoins de la ­main-d’œuvre adepte d’outils numériques et, par extension, favorise la rétention et l’attraction des employés.

Lorsque l’on sait que 54 % des personnes souffrant de troubles de santé mentale ne demanderont pas l’aide d’experts en raison du coût des traitements, des préjugés liés à la maladie mentale ou du manque d’accès à des professionnels qualifiés, selon un sondage ­Ipsos mené en janvier 2021, on comprend toute l’importance des soins virtuels, qui rendent possible la consultation de spécialistes en santé mentale, notamment des psychologues, des psychothérapeutes, des travailleurs sociaux, etc.

À titre d’exemple, la thérapie ­cognitivo-comportementale sur ­Internet permet aux employés d’obtenir un traitement cliniquement éprouvé pour les symptômes légers ou modérés associés à la dépression et à l’anxiété, dans le confort de leur foyer, en toute confidentialité.

Favoriser la flexibilité

Alors que le milieu de travail de demain continue de se dessiner, les employeurs devront composer avec une ­main-d’œuvre fragilisée, voire moins résiliente et maintenant habituée à une certaine flexibilité. Selon le directeur de l’Observatoire sur la santé et le ­mieux-être au travail de l’Université de ­Montréal, ­Alain ­Marchand, une approche intégrée qui prône des pratiques de gestion favorisant le contrôle des conditions de travail, la communication, la conciliation ­travail-famille et la santé pourra assurément donner des résultats positifs pour protéger la santé des employés et permettre à l’entreprise de mieux contrôler ses problèmes d’absentéisme.

Étant donné l’augmentation marquée des cas d’invalidité pour cause de troubles de santé mentale depuis plusieurs années et l’émergence de nouveaux facteurs de risque avec la pandémie, auxquelles s’ajoute la pénurie de ­main-d’œuvre, il faut vraisemblablement miser davantage sur la prévention. Les employeurs qui investiront dans des mesures favorisant le ­mieux-être mental et physique verront des résultats sous forme de réduction des coûts des soins de santé, de productivité accrue et de recrutement et rétention des meilleurs talents.


• Ce texte a été publié dans l’édition de mai-juin 2022 du magazine Avantages.
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