À l’ère où les problèmes liés à la santé mentale sont de plus en plus répandus, les actions favorisant une bonne santé psychologique doivent être présentes en entreprise. Selon l’étude SALVEO, publiée cette année par l’Université de Montréal, les pratiques les plus efficaces se situent sur trois plans : les stratégies de communication, les conditions de l’organisation du travail et les pratiques axées sur l’individu. Dans le cadre de telles actions, le psychoéducateur est un professionnel qui peut contribuer de plusieurs façons.

Peu importe le domaine dans lequel le travailleur évolue, sa capacité à gérer ses pensées, ses comportements et ses émotions (autorégulation) est un des facteurs qui ont un impact significatif sur sa santé mentale, selon Alain Marchand, l’un des auteurs de l’étude SALVEO. C’est justement sur ce facteur que le psychoéducateur axe ses interventions pour outiller le travailleur, afin de rétablir son équilibre et afin qu’il retrouve son fonctionnement optimal.

Prenons l’exemple d’André (nom fictif). André arrive tous les matins au travail avec une énergie plutôt basse. Il n’arrive pas à s’organiser adéquatement et ne fait que le minimum de ce qui est attendu de lui. Son employeur lui suggère de rencontrer un psychoéducateur. Celui-ci identifie qu’André vit beaucoup d’anxiété au quotidien et gère très mal le stress dans sa vie. Ce stress se répercute dans sa vie familiale alors que son fils aîné, âgé de cinq ans, fait des crises majeures à la maison, ce qui perturbe également André. Malgré sa volonté de bien faire son travail, André ne parvient pas à mettre de côté ses inquiétudes vis-à-vis de son enfant. En raison de ces dernières, ses nuits courtes et agitées ont un impact sur sa concentration et son investissement au travail.

Lors de la première rencontre avec le psychoéducateur, un plan d’action concret et clair est élaboré. André se sent impliqué dans sa démarche et accepte de mettre en place les actions quotidiennes proposées. André a espoir de retrouver l’énergie et la motivation qu’il avait auparavant au travail et il est confiant de voir sa situation familiale s’améliorer, celle-ci faisant également partie de la stratégie. Pour bien comprendre son contexte et ses milieux de vie, les rencontres suivantes ont lieu chez lui et au travail, ce qui permet de déterminer les actions à mettre en place lorsqu’André est confronté au stress aux deux endroits. Résultat : André arrive au travail moins stressé, plus reposé, et surtout, il sait quoi faire pour diminuer l’intensité des moments stressants. Ainsi, André se sent davantage en contrôle de sa vie puisqu’il comprend mieux ce qui se passe et est en mesure d’agir face au stress.

Les actions des psychoéducateurs ne se limitent pas aux travailleurs référés. Ces professionnels peuvent agir aussi bien dans les milieux de travail que dans la famille. Il s’agit d’évaluer les différentes problématiques et de proposer des solutions pratiques propres aux besoins des personnes, en fonction de leurs capacités et de leur contexte. Par exemple, des rencontres avec la famille pour outiller les membres à soutenir leur proche ou encore l’accompagnement sur les lieux de l’événement sont des moyens qui pourront être privilégiés pour permettre au travailleur accidenté de reprendre pied et retrouver une place active.

L’élaboration et la mise en place d’actions préventives en lien avec les problèmes de santé mentale au travail peuvent également faire partie du rôle du psychoéducateur, et ce, par l’entremise de rencontres individuelles ou de groupe. Celles-ci facilitent entre autres l’acquisition de connaissances et d’habiletés sur les saines habitudes de vie et sur les pièges à éviter dans les relations interpersonnelles. Elles visent également le développement de stratégies pour s’ajuster au stress et vivre de la satisfaction au travail. Il peut aussi être question de conseiller ou de soutenir l’employeur ou l’équipe dans la recherche et la mise en œuvre de solutions pour la réduction du stress en entreprise et lors de différentes situations problématiques, telles qu’un climat de travail difficile, l’annonce de mises à pied ou encore des changements organisationnels.

Cibler sa stratégie en fonction des besoins précis des intervenants, tant employés qu’employeurs, peut faire toute la différence pour résoudre les problèmes qui surgissent en milieu de travail. Un climat de travail sain permet de favoriser l’attraction de candidats de qualité, d’augmenter la rétention du personnel et de stimuler leur présence au travail. Voilà trois résultats d’intérêt pour un employeur !

Catherine de Lanux, ps.éd. est coordonnatrice aux affaires professionnelles à l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec

Joanne Parent, ps.éd. est psychoéducatrice en pratique privée