La discussion sur les régimes de capitalisation s’est penchée sur les enjeux et les mesures que pourraient mettre en œuvre les promoteurs de régimes québécois. Un mot revient souvent : « communication ». Robert Tellier, vice-président régional, Solutions retraite collective à Manuvie, affirme qu’on pourrait offrir aux participants un planificateur financier ou un conseiller. « Notre grand défi est de mettre en place quelque chose de plus structuré en matière d’information aux employés. » Pour Brigitte Gascon, Vice-présidente régionale des ventes, région de l’est, régimes d’épargne et de retraite collectifs à la Standard Life, souligne l’importance d’ajuster son message en fonction des participants. « L’employeur a accès à des ressources auxquelles n’ont pas accès ses employés, et qu’il peut utiliser pour aider ses employés. L’employé veut connaître ses options de placement, même s’il n’est plus en emploi. Il veut aussi savoir s’il doit changer son style de vie maintenant pour être en mesure d’atteindre ses objectifs de retraite. Tout cela devrait faire partie de la stratégie de communication. » « Les gens sont généralement bien informés, ajoute Karrina Dusablon, Directrice nationale, Éducation et Formation chez Desjardins Sécurité financière. Mais ils ne comprennent pas nécessairement l’information qu’ils ont entre les mains. Ce qu’ils veulent savoir c’est “what is in it for me”. Je ne crois pas qu’il faille leur donner plus d’informations. C’est la manière dont on partage ces informations qu’il faut changer. » (Le rapport complet du sondage d’Avantages auprès des participants aux régimes de capitalisation peut être téléchargé à partir du lien http ://bit.ly/10ZAUhz)

Médias sociaux et avantages sociaux : formule gagnante ?

Chez Desjardins, on a fait le pari des médias sociaux. Près de 70 caisses sont présentes dans les médias sociaux, pour parler d’enjeux locaux, mais aussi d’économie et d’éducation financière, explique Claude Beauregard, Directeur internet, Médias sociaux et Publications externes au Mouvement Desjardins. Il ajoute que 75 % des Québécois consultent un réseau social chaque semaine. Desjardins a d’ailleurs mis en place une stratégie de communication intégrant les médias sociaux, avec un client dont la majorité des employés sont issus de la génération Y. Le premier but était donc de susciter l’intérêt de cette génération. Desjardins a donc créé un groupe fermé sur Facebook, où avait été mis en place un jeu de réalité augmentée ainsi qu’un concours. Ensuite, on a encouragé les personnes ayant adhéré au groupe Facebook de partager l’information. De plus, des billets humoristiques étaient publiés, entrecoupés de billets plus sérieux. Le projet a été un succès, car le taux d’adhésion au régime de retraite de l’employeur a augmenté de 53 %, souligne Desjardins. « Il est primordial d’établir un thème et un style. Il faut une excellente planification et le contenu doit être simple et attrayant. Plus le promoteur investit, plus il aura du succès », conclut Jimmy Carbonneau, chargé de compte principal, Épargne-retraite collective, Desjardins Sécurité financière.

Aider l’employé à choisir ses placements : un rôle primordial

Julie Dubois, conseillère principale chez Mercer a rappelé que de guider l’employé dans ses choix de placements est l’un des rôles les plus importants du promoteur. Ces choix doivent être cohérents avec la tolérance au risque et l’horizon de placement de l’employé. Pour elle, « il faut trouver un moyen de protéger l’employé contre le risque de l’inflation, tant au moment de l’accumulation de l’épargne qu’au moment du décaissement. Le participant ne doit pas non plus manquer d’argent s’il vit plus longtemps que prévu ». C’est pour cela que Mme Dubois considère primordial de recentrer l’information vers l’objectif du régime. « Nous devons trouver d’autres manières de faire face aux risques », explique-t-elle. Elle ajoute qu’il faut regarder ailleurs, vers les actions internationales de petite capitalisation, les marchés émergents. « On ne doit pas se limiter aux grandes capitalisations », met-elle en garde. Mme Dubois ajoute que les entreprises doivent faire comprendre à leurs employés que le régime de l’employeur ne couvre pas tout et qu’ils doivent épargner aussi de leur côté. Elle rappelle également que « si le promoteur accorde de la valeur au régime qu’il offre, l’employé y accordera également de la valeur. Le rôle du promoteur devrait aussi encadrer la phase de décaissement et pas seulement la phase de l’épargne. Il est essentiel que les employés comprennent comment votre régime s’insère dans leur planification de retraite. » Elle affirme qu’idéalement, les promoteurs de régimes devraient offrir aux employés des services de planificateurs financiers.

Repenser les régimes CD ?

Comme alternative aux régimes CD, Serge Charbonneau, Associé chez Morneau Shepell propose les régimes à prestations cibles (PC). « De nombreux employeurs qui se croyaient en mesure de promettre des prestations déterminées se retrouvent aujourd’hui dans une impasse, étant donné le nouveau contexte si difficile. Certains qui avaient promis certaines choses à leurs employés voudraient aujourd’hui se rétracter, a-t-il lancé. » Pour M. Charbonneau, « les prémisses des régimes sont remises en question à cause de l’impact des risques ». Mais qu’est-ce qu’un régime PC ? Les caractéristiques visées sont : des cotisations prédéterminées, sans risque, des prestations estimées, risquant d’être réduites, une communication claire et une saine gouvernance, un financement et une gestion des risques et finalement la clarification des règles comptables et fiscales. C’est au Nouveau-Brunswick que leur implantation est le plus avancée, avec leur modèle appelé « régime à risque partagé ». Avec ce modèle, pour les retraités, la transition vers un régime PC signifie que leur rente actuelle est mieux sécurisée, que la probabilité d’indexation partielle est très forte et que la probabilité de réduction temporaire est très faible; pour les employés qui travaillent toujours, cela suppose une légère hausse de cotisations, une retraite qui sera légèrement retardée (environ un an par décennie, suppose M. Charbonneau), une indexation probable et un régime plus stable. « La prestation de base de ce type de régime est sûre à 97 % », ajoute M. Charbonneau. Pour lui, « ces petits changements ne sont pas drastiques, mais quand on les met ensemble, on a des résultats ». Avec de tels changements, croit-il, « les régimes PD deviennent de moins en moins des régimes PD et les régimes CD de moins en moins de vrais CD. »

Les défis de la retraite

Pour Martin Dupras, a.s.a., Pl.Fin., D.Fisc., président de Con-For financiers, le Québec et le Canada font face à de nombreux nouveaux défis quant à la retraite. « Il existe une dichotomie entre l’âge de la retraite espérée et celle réelle. » Il ajoute également que le modèle de la retraite a beaucoup changé. Certains prennent une retraite progressive, d’autres reviennent sur le marché du travail. « Il faut plus de flexibilité. Le design des régimes doit changer, notamment parce que la plupart des régimes privés sont en déficit. » Il a fait remarquer à l’assemblée réunie devant lui que le besoin d’un revenu de retraite ne diminue pas à la deuxième phase de la retraite, contrairement à ce que beaucoup pensent, compte tenu des dépenses liées aux soins de santé qui augmentent lors de cette période. Sur une base individuelle, il faut se protéger d’un risque important : l’espérance de vie. « Il faut planifier son décaissement en repoussant l’âge du décès de cinq à sept ans. Le risque, ce n’est pas le décès, c’est la survie », constate M. Dupras Les gouvernements, à cause des récentes modifications au régime des rentes du Québec et à la Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV), rendent la retraite anticipée moins attrayante, selon le planificateur financier. Quelle incidence pour les régimes de retraite privés ? « Les modifications aux deux régimes publics rendront les retraites anticipées légèrement moins attrayantes pour l’employé. Certains employés devront donc considérer le report de leur retraite. C’est donc dire que l’offre de travail et les régimes privés devront donc continuer à proposer ces possibilités », conclut M. Dupras.

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