Les programmes d’incitation à l’épargne-retraite, tels les comptes REER, CELI et autres RRQ, incitent les gens à épargner davantage, constate le chercheur Dereck Messacar, de l’Université de Toronto.

Ainsi, chaque dollar épargné dans le cadre d’une mesure incitative se traduit en moyenne par 50 cents d’épargne personnelle supplémentaire, indique le spécialiste, qui livrait le fruit de ses recherches, hier, lors d’un colloque sur la retraite tenu dans le cadre du Forum économique des Amériques.

Alors que 30 % des Canadiens n’épargnent pas suffisamment pour leur retraite, et que les régimes de retraite combleront de moins en moins les besoins des futurs retraités, les programmes incitatifs prennent davantage d’importance.

Et donnent des résultats.

Par exemple, une hausse de 2000 dollars des cotisations d’un employeur au régime de retraite de ses employés se traduit en moyenne par quelque 1000 dollars d’épargne personnelle investie dans d’autres outils d’épargne, soutient Dereck Messacar.

Les études effectuées par l’universitaire démontrent également que les gens qui épargnent peu ou pas du tout profitent des mesures incitatives à l’épargne.

Un constat qui n’étonne pas Nathalie Bachand, présidente de l’Institut québécois de planification financière (IQPF), qui commentait les données discutées par Dereck Mecassar. « On l’a vu avec le compte d’épargne libre d’impôt, alors que les gens ont épargné dès la première année du programme », constate la planificatrice du cabinet Bachand Lafleur.

Les études citées par Dereck Mecassar établissent en outre une corrélation entre les programmes incitatifs et l’acquisition d’habitudes d’épargne par ceux qui n’en avaient pas.

L’importance du conseil

Les seuls incitatifs ne suffisent cependant pas, constate pour sa part Jim Engle-Warwick, vice-président du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

Selon le spécialiste de l’économie expérimentale, les gens qui profitent de conseils « ont une meilleure prise de décision en matière d’épargne-retraite, car cela augmente la qualité de leurs décisions d’investissement ».

Il estime ainsi que la « valeur du conseil est indéniable ».

Nathalie Bachand renchérit : « Les gens épargnent plus avec des abris fiscaux », mais le font souvent sans avoir de vue d’ensemble. Il arrive souvent qu’un client épargne dans de mauvais outils, faute d’avoir fait une planification adéquate de ses besoins financiers.

L’éducation

Enfin, la scolarisation des épargnants a un impact majeur sur les habitudes d’épargne. « Pour chaque année de scolarité, une personne épargnera entre 200 et 400 dollars annuellement », soutient le chercheur torontois.

Une balle que Nathalie Bachand saisit au bond, estimant que cela prouve par l’exemple l’importance de l’éducation dans toute la chaîne de décision financière.

« Alors qu’on parle de littératie financière, je pense qu’il est temps que l’école [remette au goût du jour] les cours d’économie. Les étudiants doivent apprendre à faire un budget et à gérer le crédit », conclut-elle.

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