Dans les médias, l’accent est souvent mis sur la différence entre les régimes de retraite des secteurs public et privé, mais la discussion se limite généralement à la perception selon laquelle les retraités du secteur public touchent des prestations plus généreuses. Toutefois, le sondage Aon sur les risques liés aux régimes de retraite, qui a permis de recueillir les réponses de 124 promoteurs au pays, établit clairement que les différences entre les secteurs public et privé vont bien au-delà du montant des prestations.

En effet, les principales différences entre les deux secteurs sont liées à l’avenir du régime de retraite. Pour bien des promoteurs du secteur privé, les régimes de retraite à prestations déterminées ne constituent plus un élément fondamental de leur stratégie en matière de ressources humaines (58 % des promoteurs du secteur privé ferment ces régimes aux nouveaux adhérents), alors que le secteur public est beaucoup plus engagé à l’égard de ce type de régime (seulement 11 % d’entre eux sont fermés aux nouveaux adhérents). Les mesures prises ou prévues par les promoteurs illustrent cette profonde différence.

Continuation ou terminaison?

Ainsi, dans le secteur privé, la terminaison du régime (p. ex., par l’achat de rentes) constitue l’objectif à long terme d’un régime sur cinq, comparativement à seulement un régime sur 50 dans le secteur public. Le quart des promoteurs de régime du secteur privé disent qu’ils offriront probablement des sommes forfaitaires spéciales aux participants ayant droit à une rente différée, par rapport à seulement 8 % dans le secteur public.

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L’accent ainsi mis par les régimes du secteur privé sur la réduction du risque fait partie d’une évolution naturelle. À l’heure actuelle, de nombreux régimes ont déjà pris des mesures de gestion des coûts, soit en réduisant les prestations, soit en passant d’une structure à prestations déterminées à une formule à cotisation déterminée. Ils sont maintenant de plus en plus nombreux à adopter des stratégies de réduction du risque afin d’éventuellement terminer le régime. À tout le moins, les promoteurs favorisent des stratégies qui atténuent le risque afin d’éviter que le régime à prestations déterminées de l’entreprise ne vienne nuire à sa performance globale.

Des cotisations en hausse

Par ailleurs, les promoteurs de régime du secteur public, pour qui la « performance d’entreprise » est moins importante, doivent quant à eux relever d’autres défis. En règle générale, ils ont pour objectif d’assurer la viabilité du régime, et nombre d’entre eux appliquent des mesures visant à en assurer la santé à long terme. Certains éléments de cette approche sont liés aux stratégies non seulement de placement, mais aussi de financement et de gestion du passif.

Selon les résultats du sondage, plus de la moitié des régimes du secteur public ont déjà augmenté le montant des cotisations des participants ou le feront probablement d’ici 12 à 24 mois, alors qu’environ le tiers seulement des régimes du secteur privé ont recours à cette mesure. Parallèlement, 32 % des régimes du secteur public sont pour le moins susceptibles de réduire les prestations accessoires au cours des 12 à 24 prochains mois, en regard de seulement 6 % des régimes du secteur privé.

Tommy Perron est associé au sein de la pratique Conseils en gestion de placements et risques financiers chez Aon Hewitt à Québec.

Claude Lockhead est associé exécutif de la pratique Retraite chez Aon Hewitt à Montréal.

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