Certains patients et des groupes qui défendent leurs intérêts tirent la sonnette d’alarme au sujet des récents changements apportés par le gouvernement fédéral à la réglementation du coût des médicaments brevetés.

Partisan de longue date des libéraux, l’avocat torontois Chris MacLeod, qui souffre de fibrose kystique, a déclaré que cela lui en coûtait beaucoup de s’exprimer contre le gouvernement Trudeau. Mais il craint que de nombreuses vies soient mises en danger par ce qu’il appelle une approche « totalement irresponsable ».

« Au mieux, notre accès à un médicament sera retardé. Au pire, on n’y aura pas droit du tout », a-t-il déploré.

Santé Canada a récemment finalisé les modifications attendues depuis longtemps au processus d’établissement du prix des médicaments. Avec ces changements, le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB) sera notamment informé du coût des médicaments sur le marché plutôt que de recevoir une liste de prix majorés.

Selon le ministère, l’organisme, créé il y a 30 ans pour s’assurer que les entreprises en situation de monopole n’en profitent pas pour facturer des coûts excessifs, peut désormais déterminer si le prix d’un médicament reflète réellement la valeur qu’il représente pour les patients.

Plus tôt ce mois-ci, le président du Conseil, Mitchell Levine, avait indiqué que l’organisme disposait désormais des outils et des renseignements nécessaires pour protéger efficacement les consommateurs canadiens contre des prix excessifs.

La ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, lui a fait écho jeudi en affirmant que l’objectif de ces changements était de réduire les prix tout en garantissant aux Canadiens l’accès aux médicaments dont ils ont besoin. Le gouvernement a présenté ces changements comme un effort visant à jeter les bases d’un programme national d’assurance-médicaments.

De nouveaux traitements moins accessibles?

M. MacLeod craint toutefois que ces changements, en réduisant le prix des médicaments, incitent les fabricants à ne pas importer au Canada de nouveaux remèdes révolutionnaires.

La Canadian Organization for Rare Disorders dit partager les craintes de M. MacLeod. Elle ajoute que même si tout le monde veut avoir accès à des médicaments à des prix abordables, les nouveaux traitements pourraient être moins disponibles au Canada.

L’organisation, qui défend les personnes atteintes de maladies rares, était l’un des signataires d’une lettre adressée en avril au premier ministre Justin Trudeau afin de le convaincre de changer de cap.

« Nous voulons tous avoir accès à des médicaments à des prix abordables, peut-on lire dans la lettre. Cependant, les changements proposés par le CEPMB signifient que de nombreux nouveaux traitements ne seront plus disponibles au Canada. »

La docteure Durhane Wong-Rieger, qui dirige l’organisme, dit se préoccuper du signal qu’envoie le gouvernement canadien quant à sa volonté de fournir des prix concurrentiels pour les médicaments.

« Si le prix des médicaments devient si bas que les entreprises en craignent les conséquences sur leur capacité à commercialiser leur produit, le Canada ne sera plus leur premier choix. »