Encore assez méconnus au Canada, les services de télémédecine commencent tranquillement à faire leur entrée dans les régimes d’avantages sociaux. L’agence de communication Cossette a tenté l’expérience, au plus grand plaisir de ses employés.

« Dans notre stratégie de gestion des talents, on cherche à satisfaire les attentes et les besoins des différentes générations d’employés. La télémédecine nous semblait une avenue intéressante pour rejoindre le plus de gens possible. Après tout, personne n’aime attendre plusieurs heures dans une salle d’attente pour consulter un professionnel de la santé », explique Sandra Lécuyer, directrice, Talent à Vision 7 International, dont Cossette est une division.

Plutôt que de se déplacer à la clinique lorsqu’ils ont un problème de santé, les employés de l’agence de communication peuvent maintenant simplement ouvrir une application sur leur appareil mobile. Par le biais d’un service de messagerie instantanée, ils répondent d’abord à quelques questions générales sur leur état de santé, après quoi, ils sont mis en contact, via vidéoconférence, avec une infirmière. Si nécessaire, celle-ci pourra fixer une consultation avec un médecin, soit par vidéoconférence, soit dans une clinique à proximité. Dans certains cas, le médecin peut émettre une ordonnance même si la consultation a eu lieu de façon virtuelle.

« Ce ne sont pas tous les problèmes de santé qui peuvent être traités en utilisant la télémédecine, mais beaucoup de déplacements inutiles en cliniques peuvent être évités », a soutenu Sandra Lécuyer, lors de l’édition 2018 de la Conférence Telus Santé, mardi.

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Projet pilote

Avant d’offrir la télémédecine à l’ensemble de ses employés, Cossette a mis en place l’année dernière un projet pilote de six mois à son bureau de Québec, qui compte environ 10 % de l’effectif total de la firme.

Sandra Lécuyer et son équipe ont d’abord dû procéder à la sélection du fournisseur qui allait offrir le service de télémédecine. Plusieurs critères ont été pris en considération, notamment l’étendue de l’offre de services, les heures d’ouverture, la qualité de l’application et la pérennité de l’organisation. Le fournisseur choisi devait aussi être en mesure de dispenser le service autant en français qu’en anglais. Le coût total est calculé mensuellement en fonction du nombre d’employés dans l’organisation, et l’utilisation du service est illimitée.

Comme il n’était pas question d’augmenter le budget dédié aux avantages sociaux pour implanter la vidéoconférence, Cossette a apporté quelques modifications à son régime de base, par exemple en augmentant légèrement les franchises et en diminuant la limite de remboursement de certains soins paramédicaux. « On a essayé de faire des choix qui étaient les moins pénalisants possible pour les participants. On a aussi été transparent dans nos communications pour s’assurer que les employés comprennent bien pourquoi on faisait cela », explique Sandra Lécuyer.

Après neuf mois de test au bureau de Québec, l’application a été téléchargée par 73 % des employés, et 58 % de ces derniers l’ont utilisé au moins une fois. Avec un taux de satisfaction de 95 %, la décision a été prise d’étendre la télémédecine à l’ensemble des salariés de l’entreprise dès le 1er janvier dernier. « Beaucoup d’employés ont été vraiment impressionnés par le service. Certains ne savaient même pas que cela existait! », raconte Sandra Lécuyer.

Le principal défi se trouve maintenant du côté de la communication, poursuit-elle « Les gens ne pensent pas nécessairement au nouveau service lorsqu’ils sont malade. On doit faire en sorte de développer ce réflexe. » Mme Lécuyer tient également à préciser que l’implantation de la télémédecine n’a pas pour objectif de réduire l’absentéisme au sein de l’organisation. « On ne s’attend pas à ce que les gens viennent davantage au travail lorsqu’ils sont malade en raison du service. On est très clair à ce sujet dans nos communications. »

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