Le gouvernement libéral jette les bases de la « budgétisation fondée sur le sexe » dans le troisième exercice financier d’inspiration féministe qu’a déposé mardi le ministre des Finances, Bill Morneau.

L’égalité entre les hommes et les femmes occupe une place prépondérante dans ce budget teinté du féminisme dont le premier ministre Justin Trudeau fait la promotion sur toutes les tribunes, et qui sera par ailleurs un thème central au sommet du G7, en juin prochain.

Les femmes, est-il abondamment mentionné dans l’exercice financier, doivent prendre davantage de place sur le marché du travail, car elles sont des forces motrices de croissance économique.

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Selon une étude du McKinsey Global Institute citée dans le budget, la prise de mesures pour stimuler leur présence sur le marché du travail pourrait se traduire par une injection de 150 G$ dans l’économie du Canada d’ici 2026.

C’est la raison pour laquelle le gouvernement souhaite faire tomber certaines barrières pouvant décourager les femmes de participer pleinement à l’activité économique canadienne.

D’abord, Ottawa veut s’attaquer aux inégalités salariales – à l’heure actuelle, les femmes empochent un salaire médian annuel 31 % moins élevé que celui des hommes.

Afin de régler cet enjeu, le gouvernement créera un régime d’équité salariale dans les secteurs sous réglementation fédérale, une mesure qui touchera quelque 1,2 million de salariés et qui sera contenue dans le projet de loi de mise en œuvre budgétaire.

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« Et nous espérons que cet exemple amènera tous les employeurs à réfléchir sur la sous-évaluation du travail accompli par des femmes qu’on voit trop souvent », a noté dans son discours en Chambre le ministre Morneau, mardi après-midi.

Ensuite, en s’inspirant du modèle québécois, le fédéral met en place une prestation pour les nouveaux pères à travers le pays. Coût de l’opération: 1,2 G$ sur cinq ans, à compter de 2018-2019, puis 344,7 M$ par année par la suite.

Cette mesure, qui ne change rien à ce qui est déjà en place au Québec, est une clé à la « démarginalisation économique des femmes », notamment parce qu’elle réduit la discrimination consciente ou inconsciente à l’embauche, est-il mentionné dans le budget.

Le gouvernement Trudeau a aussi pensé à ces femmes qui, comme les députées Christine Moore, Marilène Gill, Niki Ashton et Karina Gould, n’ont pas voulu faire de choix entre mener une carrière en politique fédérale et fonder une famille.

Il proposera ainsi des modifications à la Loi sur le Parlement du Canada afin de permettre aux parlementaires de prendre un congé de maternité et parental.

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Le gouvernement délie aussi les cordons de la bourse pour une série d’autres mesures visant une plus grande égalité hommes-femmes, dont la bonification du budget du ministère de la Condition féminine (100 M$ sur cinq ans).

Et pour ceux qui travailleraient à contre-courant, les libéraux menacent de sortir le bâton.

À compter de 2019, les universités « qui ne mettent pas en oeuvre les pratiques exemplaires contre les agressions sexuelles » sur leur campus pourraient ainsi se voir retirer leur financement fédéral, signale-t-on dans le budget.

Ces mesures égalitaires, comme toutes les autres contenues dans le budget, sont frappées du sceau d’approbation « ACS+ » (pour « analyse comparative entre les sexes), ce qui constitue une première, se félicite le gouvernement Trudeau.

Et pour que les futurs gouvernements utilisent aussi cette grille d’analyse évaluant les impacts des mesures sur les hommes, les femmes, les communautés ethniques ou encore l’orientation sexuelle, les libéraux comptent enchâsser l’ACS+ dans une loi.

Un projet de loi sera déposé à cette fin, promet-on dans le budget, sans toutefois préciser d’échéancier.

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