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Vous affirmez vouloir favoriser l’utilisation des médicaments génériques ? Pourquoi ?
BP : Souvent les patients ne sont même pas au courant de l’existence des médicaments génériques, qu’ils coûtent moins cher. Il y a évidemment certains médicaments qu’on ne peut pas remplacer en cours de traitement. Mais lorsque c’est possible du point de vue thérapeutique, nous informons un patient, qui prend l’original, qu’un générique est disponible. Il existe aussi une croyance selon laquelle ce dernier serait moins bon que l’original, donc il y aura de l’éducation à faire. Du côté de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) on a tranché : le patient peut prendre l’original, mais il ne sera remboursé qu’au prix du générique. Beaucoup de régimes privés ont emboité le pas, mais ce n’est pas encore généralisé.

Il y a donc de l’éducation à faire chez les personnes couvertes par un régime privé ?
BP : Étant donné que c’est un pot commun, certains participants pensent peut-être que s’ils ne s’en servent pas quelqu’un d’autre le fera. Mais on est rendu à un point de rupture où c’est tellement onéreux pour les employeurs d’offrir un régime d’assurance collective que s’ils doivent couper, c’est l’employé qui se retrouverait avec la couverture de la RAMQ – d’où l’incitatif à l’achat du générique. Mais il pourrait aussi perdre d’autres avantages sociaux, pas juste l’accès à certains médicaments. Il faut donc faire comprendre au participant que c’est en quelque sorte lui qui paie.

Toutefois, il est toujours difficile d’avoir une conversation sur l’argent quand on parle de la santé des gens.
BP : Le patient qui vient de recevoir un diagnostic n’est souvent pas dans un état d’esprit d’aller demander à dix pharmacies quels sont leurs prix pour un médicament X. On veut l’avoir tout de suite et on est pratiquement prêt à payer un premium pour avoir son antibiotique. Pour les médicaments chroniques, il y a le même phénomène au début. Mais à un moment donné, on peut estimer que le patient devient à l’aise à se pencher sur le côté financier, donc c’est plus à partir de ce moment-là qu’il regardera l’impact financier et magasinera ses médicaments. C’est plus loin dans le processus décisionnel.
KD : Le pharmacien offre un service pharmaceutique, dont le prix est une composante. Si un patient n’est pas satisfait, même si ça coûte moins cher il ne restera pas. Mais à service égal, le prix devient une composante intéressante à regarder pour tout le monde.

Vous parlez souvent d’éducation et d’information. Comment cela se fait-il sans avoir pignon sur rue ?
BP : Le patient doit avoir confiance à l’endroit du pharmacien. Il va souvent l’appeler, poser des questions. Nous n’offrons pas un service banal. Il y a une valeur ajoutée et le patient doit être à l’aise de converser avec son interlocuteur. En sachant que c’est plus difficile par téléphone, nous mettons des efforts supplémentaires pour entrer en contact avec les patients et gagner leur confiance dès le départ. On se donne des moyens d’entrer en contact. Du côté positif, si le patient vient nous voir en pharmacie, il ne sera peut-être pas à l’aise de nous parler au comptoir. Par téléphone, c’est souvent le patient qui initie le contact et à ce moment il est dans un endroit confortable. Cela peut renforcer la confidentialité et être l’occasion de donner des infos qu’il n’aurait pas eues en magasin.

Quels sont vos objectifs à long terme ?
KD : Nous visons la croissance, et ce, à travers la province. Et, bien sûr, des patients heureux. Sans un bassin de patients satisfaits, on n’ira pas loin ! Nous avons aussi pour mission d’essayer cette concurrence sur le plan des coûts et ainsi contribuer à trouver une solution aux enjeux en assurance médicaments au Québec. C’est du travail de longue haleine de convaincre un patient à la fois.

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