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Malgré le fait que les problèmes de santé mentale coûtent année après année des dizaines de milliards de dollars aux employeurs canadiens, seulement le tiers d’entre eux ont mis en place une stratégie formelle pour mieux gérer le phénomène. Pourtant, un programme bien conçu peut rapporter gros, à condition de faire preuve d’un peu de patience.

Après trois ans d’existence, un programme de santé mentale au travail permet d’obtenir un retour sur investissement de 2,18 $ pour chaque dollar investi, selon une analyse de Deloitte. Les programmes les plus performants réussissent même à dégager 5 $ pour chaque dollar investi par l’employeur.

« Les organisation obtiennent généralement un retour sur investissement positif de trois à quatre ans après avoir initié leur stratégie. Il faut attendre que les employés s’approprient le programme et l’utilisent pour constater des résultats », a expliqué Maude Tremblay-Charland, avocate et conseillère principale, consultation en capital humain chez Deloitte.

Lors d’un événement organisé par Morneau Shepell le mois dernier, elle a insisté sur le fait que les entreprises qui investissent dans la santé mentale affichent une meilleure performance financière. Ainsi, sur une période de six ans, les titres boursiers des sociétés qui ont un score de santé et bien-être au travail élevé se sont appréciés en moyenne de 235 %, comparativement à 159 % pour l’ensemble des sociétés de l’indice S&P 500.

Pour calculer le retour sur investissement des programmes de santé mentale en entreprise, Deloitte a développé une formule qui tient compte des coûts liés à l’implantation de nouvelles mesures et à la hausse de l’utilisation des avantages déjà existants, mais aussi des économies réalisées grâce à une diminution des congés d’invalidité (courte et longue durée) et du présentéisme.

« Le nombre de diagnostics de santé mentale augmente entre 0,5 et 1 % par année. La tendance est beaucoup moins forte chez les entreprises qui investissent dans des programmes de gestion de la santé mentale, même lorsqu’elles n’ont pas encore réussi à atteindre un retour sur investissement positif », note Maude Tremblay-Charland.

Un investissement dans la marque employeur

Les avantages d’investir dans la santé mentale ne sont pas que financiers. Ils permettent aussi d’attirer et de retenir les meilleurs talents, d’augmenter le niveau d’engagement des employés et de mieux gérer les risques de façon globale, indique le rapport de Deloitte. « Les employés qui sentent que leur employeur se soucie de leur santé mentale sont plus engagés, surtout les jeunes qui sont attirés par des avantages autres que le salaire, soutient l’avocate. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, un investissement en santé mentale est un investissement dans la marque employeur. »

Les stratégies en santé mentale sont par ailleurs de plus en plus appréciées par les investisseurs à la recherche de sociétés qui intègrent les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Pour optimiser l’efficacité d’un programme de santé mentale en milieu de travail, Maude Tremblay-Charland recommande aux employeurs de cibler leurs investissements dans les domaines à « haut impact ». Parmi ceux-ci, elle mentionne la formation aux gestionnaires, qui génère habituellement un meilleur retour sur investissement que la formation aux employés, ainsi que les programmes de retour au travail performants. »