La société d’État mise sur pied pour trouver de nouvelles manières de financer les infrastructures canadiennes dit être en pourparlers pour plus d’une dizaine de projets.

À l’automne, les responsables de la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) ont tenu plus de 120 réunions portant sur une soixantaine de projets à travers le pays, y compris des initiatives propres au secteur privé.

La mission de la banque est d’attirer des investissements privés pour financer des projets publics qui généreront ensuite des revenus, tels que des routes à péage et des systèmes de transport en commun.

Une dizaine de projets ont été retenus pour considération sérieuse, mais les détails les concernant ne seront rendus publics que si la banque accepte de soutenir les travaux par des prêts ou une participation en capital.

Les détracteurs de la BIC lui reprochent d’agir en secret avec des milliards de dollars en argent public, sans grands progrès. La banque explique que dévoiler les projets avant la signature des contrats pourrait nuire à leurs propriétaires publics autant qu’à leurs bailleurs de fonds privés.

Son président-directeur général, Pierre Lavallée, soutient que pour tout projet envisagé avec sérieux, le processus de négociation comprend le partage d’informations financières confidentielles.

« Lorsque la BIC aura décidé d’investir dans des projets, alors des informations seront partagées avec le public », a-t-il exposé.

L’opposition critique le manque de transparence

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a créé la BIC en 2017, en espérant que sa mise de fonds initiale de 35 G$ permettrait d’attirer de trois à quatre fois plus que cette somme du secteur privé pour de nouveaux projets d’infrastructure d’intérêt public.

Les projets doivent donc s’aligner sur les objectifs des gouvernements fédéral et local, en plus d’être « bancables », c’est-à-dire susceptibles d’attirer des fonds privés et de transférer une partie du risque vers ce secteur, peut-on lire dans un cahier d’information du ministre canadien de l’Infrastructure obtenu par La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.

Bien que la BIC soit indépendante du gouvernement, elle ne sera pas pour autant hors de portée des discours électoraux dans l’année à venir.

Jusqu’à présent, la banque a signé un accord de financement pour un seul projet: un prêt de 1,28 G$ pour le Réseau express métropolitain à Montréal.

Le porte-parole conservateur en matière d’infrastructure, Matt Jeneroux, affirme que les dépenses de fonctionnement de la banque coûtent des millions de dollars aux contribuables, et ce, en l’absence de « transparence ou d’imputabilité en ce qui concerne les investissements en infrastructures ».

Son homologue néo-démocrate, Brigitte Sansoucy, relève pour sa part « le passé de secrets et d’engagement public insuffisant » de la BIC qui a déjà frustré les municipalités et autres parties intéressées. Elle se demande si l’agence travaille dans l’intérêt public ou si elle est au service des bailleurs de fonds privés.