Même si en apparence l’année 2014 pourrait être comparée à un long fleuve tranquille, d’importantes turbulences sous la surface de l’eau ont secoué l’économie mondiale. Et celles-ci risquent fort bien de s’accentuer.

C’est avec cette métaphore que Michael Sabia a expliqué l’importance pour la Caisse de dépôt et placement du Québec de poursuivre sa stratégie visant à élaborer des portefeuilles hautement résilients dans un marché incertain.

Selon le président de la Caisse, l’année 2014 a été principalement marquée par la baisse importante des taux d’intérêt, la hausse vertigineuse de la valeur du dollar américain et l’effondrement du prix du pétrole.

Divergence mondiale

M. Sabia parle de divergence pour qualifier la conjoncture économique actuelle. « On assiste à un important phénomène de divergence de la croissance dans le monde. Alors que la croissance est toujours forte en Chine et s’accélère en Inde, la Turquie et le Brésil traînent de la patte. Dans les pays développés, l’Amérique du Nord s’en tire plutôt bien, mais l’Europe n’a presque pas bougé en sept ans. »

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La codépendance entre les politiques monétaires des banques centrales et les marchés boursiers est identifiée comme le principal risque pour l’économie mondiale en 2015 par Michael Sabia. « Nous ne sommes pas encore entrés dans une guerre des devises, mais des politiques non concertées des banques centrales ont pour but de les affaiblir », a-t-il soutenu.

Et si les marchés boursiers semblent en apparence imperturbables, ils seraient en proie à une vulnérabilité croissante. Malgré le fait que certaines assises demeurent solides, les multiples de valorisation de plus en plus élevés des entreprises cotées en bourse ouvrent la voie vers une volatilité accrue.

Le pétrole et la Caisse

Selon les prévisions, le bas prix du pétrole devrait retrancher 0,5 % de croissance à l’économie canadienne en 2015. Malgré tout, la Caisse affirme ne pas avoir modifié ses politiques de placement en conséquence.

« Nous n’investissons pas dans le secteur énergétique selon le cours du pétrole, mais selon le bilan des entreprises. Nous ciblons les actifs de qualité capables de résister à la tempête », a expliqué Roland Lescure, premier vice-président et chef des placements à la Caisse, qui a ajouté que de nombreuses entreprises détenues en partie par l’investisseur institutionnel, comme Couche-Tard, CGI et le CN tirent avantage d’un pétrole à bas prix.

Entre opportunités et prudence

Malgré les difficultés qui s’annoncent, la Caisse veut profiter des opportunités qu’offrira le marché mondial au cours des prochaines années. Si en Europe, la plus grande prudence est de mise, aux États-Unis, le secteur des infrastructures semble particulièrement porteur, selon Michael Sabia.

En quatre ans, la Caisse a déplacé 5 % de son exposition du Canada vers d’autres marchés afin de diversifier son portefeuille et de profiter davantage de la croissance mondiale. Aujourd’hui, plus de 47 % de son exposition est à l’extérieur du pays.

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